Pourquoi dire b-boy et b-girl et non breakdancer ? Retour sur l'histoire du terme de danse hip-hop.
© Little Shao
Breaking

Pourquoi dit-on B-Boy et B-Girl et pas breakdancer ?

Retour sur l'histoire d'un terme, né dans le ghetto de New-York, qui a été rebaptisé à tort par les médias quand la discipline s'est démocratisée.
Écrit par Emmanuel Adelekun
Temps de lecture estimé : 3 minutesPublished on
Pour une personne étrangère à la culture hip-hop, le vocabulaire du breakdance peut paraître déstabilisant. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, un danseur de breakdance n'est pas un 'breakdancer'. C'est un 'breaker, un 'B-Boy', une 'B-Girl'. Mais pourquoi est-il important d'utiliser les bons termes ? Pour le comprendre, il faut remonter aux origines de la culture hip-hop.

B-Boys, B-Girls et breakers

Il existe deux définitions :
La première, qui est aussi la plus répandue, consiste à dire que le B signifie Break. Les B-Boys et B-Girls sont des break-boys et break-girls, parce qu'ils dansent sur les passages contenant uniquement des lignes de basse et de batterie.
Le b-boying nait dans les rues de New-York dans les seventies. À l'époque, Kool Herc organise de nombreux soirées dans le Bronx. Clive Campbell, de son vrai nom, est l'un des premiers DJs à isoler les parties rythmiques des disques - les fameux breaks - et à les enchainer. Grâce à une technique de mix spécifique, consistant à utiliser deux tourne-disques et passer le même disque sur les deux platines, Kool Herc crée une rythmique ininterrompue, sur laquelle les danseurs peuvent s'exprimer à l'infini.
Un art né dans les seventies

Un art né dans les seventies

© Little Shao/Red Bull Conent Pool

Certains pensent que le B fait référence au Bronx, car le b-boying a été inventé dans ce quartier de New-York. Le terme serait lié au lieu de naissance de la discipline plutôt qu'au style de danse en lui-même. À l'époque, le Bronx est gangréné par la criminalité, la violence et les gangs. Les jeunes qui grandissent dans ces quartiers participent aux soirées organisés par Kool Herc ou Grandmaster Flash pour oublier leur situation.
Dans le ghetto de New-York, le breaking est considéré comme un art, une culture et un mode de vie par des générations de gamins. Une manière de s'habiller, d'écouter de la musique, de parler et marcher.

Une invention des médias

Quand les médias commencent à s'intéresser à la pratique et que les B-Boys et B-Girls apparaissent pour la première fois à la télévision, la discipline est rebaptisée - à tort - breakdance. À partir de là, le terme se répand aux quatre coins du globe.
Puis quand la danse commence à s'exporter, les adeptes font des voyages initiatiques à New-York pour rencontrer les pionniers et apprendre l'histoire de la danse. Des livres et documentaires sur le b-boying, contenant des interviews des personnes qui ont lancé le mouvement, sont diffusés à grande échelle. Des compétitions sont organisées partout dans le monde.
Tout ceci permet de faire connaître la véritable histoire de la danse et expliquer aux nouveaux adeptes que les termes 'breakdance' et 'breakdancer' ont été inventés par les médias mainstream.
Le b-boying, élément central de la culture hip-hop

Le b-boying, élément central de la culture hip-hop

© Little Shao/Red Bull Content Pool

Un mode de vie

Les termes font référence à l'essence même de la discipline, ainsi qu'à la relation qu'entretient un B-Boy avec la culture hip-hop. Le fait que ces termes aient été inventés avant le lancement des compétitions prouve qu'un danseur n'a pas besoin d'intégrer le circuit compétitif pour être considéré comme un B-Boy ou une B-Girl. La battle fait partie de la discipline, mais ne définit pas la danseur. Le b-boying est, encore aujourd'hui, considéré comme un véritable mode de vie.