Fantasma, le dernier projet de Spoek Mathambo, est une bête nerveuse et racée, et ses fans en seront les derniers surpris. Le rappeur sud-africain prolifique et touche-à-tout a déjà glissé d'une musique club agitée typique de l'Afrique du Sud vers le alt-hip-hop, tout en passant par la réalisation de films.
Le collectif à cinq têtes n'est pas non plus très friand de limitations. Avec Spoek se tient DJ Spoko, l'homme derrière le beat de DJ Mujava ; Township Funk, le guitariste André Geldenhuys ; le batteur Michael Buchanan et le multi-instrumentiste Bhekisenzo Cele.
Chacun apporte sa part d'Afrique du Sud dans le mélange que forme le premier album de Fantasma, Free Love, disponible chez Soundway Records. Du kwaito, du shangaan, de la musique traditionnelle, du rock psychédélique et du hip-hop : tous ces styles s'agrègent pour un voyage vitaminé au coeur d'un pays souvent mal compris.
Avec l'aide d'un mix exclusif, laissons Spoeke nous faire pénétrer dans le monde de Fantasma.
Il y a tellement de matière dans Fantasma...Rien ne t'arrête ?
Nous sommes dans la culture, il n'y pas de raison de se limiter. Dans le cinéma, les frontières entre les genres sont floues, il y a une porosité importante. Nous sommes tous à un point où nous avons à notre disposition beaucoup de moyens d'expression. Ce qui fait que pour raconter nos propres histoires, il nous suffit d'utiliser ces moyens pour articuler des idées spécifiques.
Que veut dire Guzu ?
L'Afrique du Sud a tellement de langages, de cultures et de musique traditionnelles et le Guzu englobe tout cela. Ces idées de rythme, de mélodie, d'instrumentation sont adaptées sous une forme moderne, parfois électronique, parfois très occidentale. C'est ce que nous faisons.
Free Love est un album universel, mais pour autant est-ce toujours important que les gens comprennent le contexte sud-africain ?
Intégrer le son de Fantasma à l'Afrique du Sud est très important pour nous parce que les gens ne connaissent pas assez bien notre pays. Ils connaissent Mandela et la criminalité, mais ce n'est pas suffisant et nous sommes fiers de partager les trucs déments qu'on à a offrir. La culture ne peut pas être qu'une voie à sens unique, venant de l'Occident. Les Occidentaux s'approprient beaucoup d'idées africaines et ce sans jamais nous créditer. Dans l'art, la musique, la mode, etc...La chose importante pour nous, jeunes artistes africains, c'est de revendiquer ce que nous faisons et le représenter.
La vidéo de Shangrila par Fantasma :
Vous êtes plus un collectif qu'un groupe, mais quelle est la différence ?
Il y a beaucoup de fluidité, les rôles sont interchangeables et on peut se séparer en groupes plus petits et faire des choses différentes. Nous travaillons sur beaucoup de choses et le monde n'en a entendu qu'un faible pourcentage. Notre collaboration est récente, ainsi que notre amitié, alors nous explorons beaucoup et échangeons des idées. Sur l'album, nous avons des chansons instrumentales, différents rythmes venus de différentes cultures, un chanteur de New-York qui s'appelle Josiahwise Is The Serpentwithfeet et fait désormais partie de l'équipe. Notre famille artistique grandit encore et encore. Dans ce sens, nous ne sommes pas un groupe traditionnel. Les gens apportent ce qu'ils ont envie d'apporter.
Pourquoi la scène de la musique électro sud-africaine, dont Fantasma fait partie, est-elle si excitante ?
Il n'y a pas de gardien du temple. Il y a beaucoup d'énergies différentes et pas un seul label qui impose sa vision. Tout le monde peut être créatif et dans chaque région, il y a des tauliers différents. Pour mon documentaire, Future Sound of Mzansi, je fais une série de mix ou j'invite plein d'artistes électroniques du pays. Notamment un de la scène de Durban et qui fait ce son particulier de là-bas, le qgom, un genre underground en plein essor.
Free Love de Fantasma est sorti ! Achez-le ici.
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