Plutôt discrets en matière de contenu rap ces dernières années, les magnats du streaming commencent doucement mais sûrement à proposer des séries centrées sur cette thématique, et qui plus est, de qualité. Qu’ils soient purement divertissants ou de l’ordre du documentaire, ces bijoux télévisuels ont un point commun : tout passionné se doit de les avoir vu.
The Get Down
En à peine 11 épisodes, la série de Baz Luhrmann et Stephen Adly Guirgis a réussi à mettre tout le monde d’accord, néophytes comme hiphopheads. Portrait d’une jeunesse en perdition sauvée par le rap dans le South Bronx des années 70, The Get Down se situe à mi-chemin entre la fiction et le documentaire, tant l’interprétation est réaliste. On suit donc l’évolution artistique d’Ezekiel, Shaolin, Ra-Ra, Boo-Boo et Dizzy : de gamins sans avenir à espoirs du hip-hop.
Autre facteur à succès et pas des moindres : la bande originale. Fusion de titres existants et composés à l’occasion pour la série, le soundtrack réunit légendes de la funk/soul (Nile Rodgers, Donna Summer, Lyn Collins, Teddy Pendergrass…) précurseurs du hip-hop (Grandmaster Flash, Nas…) et pointures actuelles (Janelle Monáe, 6LACK, Jaden Smith, Michael Kiwanuka…). Une performance tout autant auditive que visuelle.
Red Bull Remix Lab
Ingrédient indispensable à la conception de tout morceau, le beatmaking est un art aussi complexe qu’exaltant. S’adressant aussi bien aux rookies de la production qu’aux passionnés, le Red Bull Remix Lab réunit la crème des beatmakers US afin d’accomplir divers challenges dont remixer un hit. Orchestré par T-Pain, chaque épisode permet de mieux comprendre le processus créatif ainsi que les techniques de chacun dans le but de façonner la meilleure instru possible.
1 H 59 Min
A-Trak
Canadian Grammy-nominated producer and DJ A-Trak joins T-Pain in the Remix Lab.
Forcément, le casting est composé des mastodontes de la prod’ : Cardo qui remixe le tube « Mesmorized » de Wiz Khalifa, Murda Beatz aux commandes pour le morceau « Might Be » de T-Pain feat Gucci Mane ou encore Kirk Knight élaborer un beat à partir d’un échantillon de 10 sons. En résumé, des sessions stud’ comme si vous y étiez vraiment.
Atlanta
Donald Glover aka Childish Gambino aka Gam-B. Ne serait-ce qu’une bonne raison pour aller mater Atlanta. Véritable couteau suisse, l’artiste lance sa propre série en 2016 et rafle une pluie d’éloges. Il faut dire que l’œuvre sérielle dépeint de façon très réaliste l’Amérique et ses nombreuses carences sociétales. Le pitch ? Les cousins Earn Marks et Alfred « Paper Boi » Miles tentent de percer sur la scène rap d’Atlanta tout en étant confrontés à la dure réalité des choses.
Cette dramédie (tant les situations oscillent entre humour absurde et scènes viscérales) offre une vision sans concession de l’industrie hip-hop, à mille lieux de la glorifier. Les deux protagonistes, l’un rappeur à ses heures perdues mais surtout dealer et l’autre, manager plus par nécessité de s’en sortir que par réelle passion, vont découvrir la face cachée du milieu, bien loin des success story habituelles. Une pépite déconcertante.
The Defiant Ones
Dr Dre et Jimmy Iovine : deux artistes, deux visionnaires pour une collaboration dantesque. Le premier est considéré comme l’un des meilleurs producteurs US, pilier du crew gangsta rap « N.W.A » et gère son propre label, « Aftermath Entertainment ». Le second a collaboré avec des icônes du rock tel que Bruce Springsteen, U2, Dire Straits, Simple Minds, et cofondé le légendaire label Interscope Records.
Preuve qu’il n’y a aucune frontière artistique en matière de musicalité, les deux compères s’associent en 2006 afin de lancer Beats Electronics, firme de casques audio, écouteurs et haut-parleurs à la qualité premium. Carton immédiat, et cerise sur le gâteau huit ans plus tard : le géant Apple rachète la marque pour 3 milliards de dollars. En l’espace de quatre segments, The Defiant Ones analyse la trajectoire de ces deux extra-terrestres du son, ainsi que leur faculté à bouleverser le monde de la musique.
Unsolved
Cette mini-série réalisée par Kyle Long et Anthony Hemingway se focalise sur l’un des plus grands mystères de l’histoire du hip-hop. La carrière de Soulja Boy ? Non, plutôt les assassinats de Tupac & Biggie. Malgré les enquêtes officielles et indépendantes, les coupables des deux drive by shooting n’ont jamais été appréhendés. La dernière rumeur en date serait celle d’un double mandat : Puff Daddy aurait commandité le meurtre de Tupac et en représailles, Suge Knight aurait fait descendre Biggie.
Unsolved met en scène deux inspecteurs de police qui œuvrent pour trouver les coupables. On assiste à deux temporalités différentes : lors de l’ouverture de l’enquête en 1997 sous l’égide du détective Poole, et 10 ans plus tard avec l’agent Kading, mobilisé pour la réouverture de l’affaire. Bien que fictionnelle, la série se base sur une tonne de preuves tangibles pour soigner son scénario. Une partie de Cluedo version gangsta en somme.
Rapture
A quel point le hip-hop a façonné non seulement la carrière mais également le lifestyle des meilleurs rappeurs américains ? C’est à cette requête que répond « Rapture » et ses huit épisodes en immersion dans le quotidien des grands noms de la scène rap US. La série documentaire de Sacha Jenkins permet de réaliser l’impact de la musique sur l’artiste, son entourage et sa fanbase.
Au programme : l’ascension de Logic malgré ses multiples galères du passé, G-Eazy qui s’exprime sur l’aspect thérapeutique du rap, l’analyse de Nas et Dave East à propos du pouvoir de parole que leur a conféré le hip-hop, le rapport de A Boogie Wit Da Hoodie avec sa communauté ou encore 2 Chainz qui refuse d’annuler sa tournée après s’être brisé la jambe… En bref, Rapture nous plonge une heure dans la vie de chacun et c’est une réussite.
Wu-Tang : An American Saga
« Cash rules everything around me » entonne Method Man sur l’un des refrains les plus mythiques du rap-jeu. Unis comme les 10 doigts de la main, les membres du Wu-Tang Clan ont su laisser leur empreinte dans l’histoire du hip-hop comme peu d’artistes avant/après eux. En 2019, la genèse du crew de New York City se voit ainsi adaptée en série : « Wu-Tang : An American Saga » est née.
Bilan ? La série offre une représentation fidèle de l’atmosphère des quartiers dont proviennent les membres du groupe, à savoir Brooklyn et Staten Island, sur fond de guerre des gangs en pleine apogée du crack début 90’. La trame suit le parcours de RZA, ainsi que les motivations qui vont le mener à former le groupe. Les différents protagonistes sont bien interprétés (dont Joey Badass, assez bluffant en Inspectah Deck) et la mise en scène est efficace : vivement la saison 2.
Shangri-La
Au sein de l’industrie hip-hop exercent des hommes de l’ombre, génies et visionnaires sans qui ce genre musical ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui. Cofondateur du légendaire label Def Jam à seulement 21 ans, Rick Rubin fait figure de pionnier dans le milieu et compte une myriade de travaux à son actif, dont l’alliance entre Run-D.M.C et Aerosmith sur « Walk this Way », énorme succès et première fusion entre rap et hard rock.
Mais qui est vraiment Rick Rubin ? Le documentaire Shangri-La (tiré du nom de son studio) s’évertue à suivre le gourou de la musique chez lui à Malibu, entre sessions d’enregistrements et questions existentielles avec une foule d’intervenants de tous horizons artistiques. Jugez-plutôt : Tyler the Creator, Lil Yatchy, Fléa, Carlos Santana, Mark Ronson, SZA ou encore le regretté Mac Miller. Un voyage aux confins de la créativité.
Validé
Seule série francophone de la liste, la fiction signée Franck Gastambide n’en reste pas moins l’une des révélations télévisuelles de 2020. L’histoire suit le parcours d’Apash, jeune espoir du rap en pleine progression, qui va très vite se faire des ennemis et par la suite bien s’entourer pour gérer au mieux sa carrière. Avec son casting calibré (Hatik, Franck Gastambide, Sabrina Ouazani, Hakim Jemili…) Validé dépeint le milieu du rap français avec réalisme, entre business et jalousie.
A raison de 30 minutes par épisode, la série impose un rythme soutenu, sans temps mort et offre même quelques scènes sous tension. Mais son vrai point fort c’est la crédibilité, renforcée par les (très) nombreux guest : Ninho, Lacrim, Kool Shen, Rim’K, Mac Tyer, DJ Cut Killer ou encore Fred Musa : on apprécie bien plus qu’à moitié la série, c’est validé.