A croire qu’il lui faut toujours un mélodrame pour rebondir encore plus fort. Après sa victoire sur la première étape de Maribor, Loïc Bruni nous avait clairement expliqué que son objectif en 2019 était de porter ce maillot de leader après la dernière manche de la saison, peu importe ce qu’il allait se passer entre temps. Il est donc arrivé très tranquille sur l’étape écossaise et s’est confié : « J’ai bien coupé et j’ai l’impression que c’est la première course de la saison. Maribor, c‘est déjà loin derrière. On a préparé cette étape comme il faut, il y a juste le numéro 1 sur ma plaque de cadre qui va amener un peu de feu. »
Effectivement, en ce qui concerne la préparation, on sait qu’on peut toujours lui faire confiance ! Plutôt heureux d’être venu quelques jours en avance à Fort William pour réaliser quelques tests et avancer sur les réglages avec son équipe, il s’est cependant amusé à s’autocritiquer : « On a roulé deux jours pour ne pas trop se fatiguer et on a vu que ce n’était pas une mauvaise option de rester avec le combo de roues 27,5/29 pouces (comme il avait déjà à Maribor ndlr.) Après, c’est vrai que je râle un peu quand les gens vont limer la piste avant une Coupe du Monde... Nous on l’a fait pour cette manche et c’est clair que c’est un avantage. Donc au final, je ne peux pas leur en vouloir ! En fait, quand t’arrives le premier jour des reconnaissances, tu as une bonne partie des choses qui sont mâchées et tu peux te concentrer sur la vitesse, les lignes, et c’est tout. Au final, tu vas faire un run de moins, ou deux, donc tu vas être plus frais… C’est quand même intelligent. Je ne sais pas si c’est quelque chose que je vais reproduire cette saison mais j’aimerais presque que ce soit interdit pour qu’on soit tous logés à la même enseigne tout au long de l’année. »
La semaine s’annonçait donc relativement bien pour notre champion du monde. Son objectif était d’être “solide” et de terminer dans le top 5 sur une piste qui n’avait pas toujours été tendre avec lui. Un projet qui semblait à portée de main vu sa forme actuelle. Mais ça, c’était avant une petite erreur et une grosse chute lors de la manche de qualification : « Honnêtement, je me suis démoli à la réception, j’étai bien sec après. Je me suis maudit, car même en gérant mon run, je n’ai pas été capable d’en finir un correctement. Je n’étais pas trop fier de ça… »
« C’est là où mon team manager Laurent a été au top, il m’a de suite pris à l’écart et le kiné de l’équipe a pu checker pour voir si tout allait bien. À ce moment-là, je ne me sentais pas trop capable de rouler, je pensais sincèrement que j’avais foutu mon week-end en l’air. J’ai également passé le protocole de traumatisme crânien mis en place par l’organisation en fin de journée. Je savais que ça allait de ce côté, mais c’était bien qu’il le fasse. J’ai refait un soin avec le kiné le soir et le lendemain matin, au réveil, j’ai réussi à faire des pompes. Ce qui était un bon signe ! Sur le vélo, je n’étais pas trop en confiance mais je pouvais rouler quand même. Lors de la finale, je suis parti à un mauvais moment, il y avait beaucoup de vent, j’ai fait plusieurs erreurs et je me suis endormi mais j’étais tout de même content de passer la ligne avec le meilleur temps. J’espérais un podium mais quand j’ai vu que le vent était un peu tombé, je me suis fait ouvrir par les autres, les écarts augmentaient de plus en plus. Ce n’était pas si grave au final, car comme me l’a dit Laurent, ce n’était pas un week-end de rêve. J’ai marqué des points et sauvé les meubles. »
En terminant huitième, Loïc Bruni a rétrogradé à la troisième place au classement général et perdu son maillot de leader. 49 points le séparaient alors du leader Troy Brosnan, ce qui n’est absolument rien au regard des six autres manches de coupe du monde.
Dès le lendemain, Loïc a pris la route avec son équipe – Specialized - pour se rendre en Autriche à Leogang, troisième étape de la saison : « J’ai vu un ostéopathe là-bas. On n’a pas trop traîné, et dès les premiers jours de reco, j’étais pratiquement à 100%. Après, sur le vélo, je sentais que ce n’était pas fou, que j’avais quelques frustrations mentales. J’étais un peu collé et je commençais à m’auto-agacer. Je me suis fait ouvrir en qualifs (11ème ndlr) et j’ai donc décidé de refaire la piste à pied tout de suite après. J’ai changé quelques lignes. Puis j’ai senti que je ne voulais pas trop subir cette course comme le weekend d’avant, alors avec mon mécano, on a changé plusieurs choses sur le vélo. Maintenant, même avec ces modifications, je ne me sentais pas bien le matin de la finale. Il y a des jours où c’est facile et d’autres où ça ne l’est pas… »
Mais le déclic s’est finalement produit juste avant la finale : « On s’est dit vas-y, quand t’es bon, t’es bon ! Il faut juste débrancher et essayer de faire un meilleur résultat que la veille aux qualifications. Et là, je savais que je n’avais pas le droit de laisser de l’énergie alors j’ai pédalé partout où je pouvais et en passant la ligne, j’ai vu que mon temps était pas mal. Je ne savais pas si ça allait suffire et j’ai dû attendre une heure sur le hot seat pour connaître la répondre, c’était long ! Quand j’ai gagné, j’étais trop surpris, et même mon team l’était car il m’avait entendu râler toute la semaine… »
Loïc Bruni compte désormais deux victoires et se place deuxième au classement général derrière l’ultra régulier Troy Brosnan : « C’est carrément bien, je suis encore au contact » balance-t-il, enthousiasmé par la tournure des évènements.
La prochaine étape aura lieu en Andorre (5&6 Juillet), une contrée où il est devenu champion du monde pour la première fois en 2015. Une semaine après, il roulera devant le public français aux Gets. Mais chaque chose en son temps : « Je suis au Danemark avec ma copine là, j’en profite pour couper un peu et me ressourcer... » Et comme on te comprend, Loïc.