Le champion du monde WRC Sébastien Ogier roule dans la neige devant le public du Rallye de Monte-Carlo.
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WRC

Une histoire (française) du Col de Turini

De la neige, des virages en épingle et une foule en délire : le Col de Turini, c’est le secteur le plus mythique du Rallye Monte-Carlo. Retour sur son histoire à travers les exploits de Loeb et Ogier.
Écrit par Red Bull France
Temps de lecture estimé : 5 minutesPublished on
Du 20 au 23 janvier, le monde du WRC aura à nouveau les yeux rivés sur le sud de la France (et sur Red Bull TV) à l’occasion de la 91ème édition du Rallye Monte-Carlo. Et cette année, les pilotes, dont le binôme Ogier-Landais, débuteront par une (très) spéciale en nocturne : l'ascension du Col de Turini. L’occasion de revenir sur l’histoire (franco-française) de ce col iconique.

Une spéciale col-lector

Si Sébastien Loeb et Sébastien Ogier, les deux pilotes les plus titrés de l’histoire du rallye, ont souvent brillé à Turini, ils ne sont pas les premiers à avoir inscrit leur nom dans la légende de ce col. Même si certains l’ont fait pour de mauvaises raisons, comme Gérard Larrousse en 1968. Pour la troisième “nuit du Turini” (spéciale en nocturne, donc), le pilote Alpine est en tête mais perd le contrôle de son véhicule à cause de la neige… déposée par les spectateurs alors que le col était annoncé sec ! Sa voiture encastrée dans un muret, il perd tout espoir de remporter le rallye…
Heureusement, le pauvre Gérard sera vengé par son compatriote Jean-Claude Andruet en 1972 (et à de nombreuses reprises par les deux Seb bien des décennies plus tard). Ce dernier émerveille tous les fans, scotchés aux commentaires de Radio Monte-Carlo, en terminant le tracé avec le meilleur temps malgré… un pneu crevé. En bref, des performances démentielles qui feront entrer les pilotes - et surtout le Rallye Monte-Carlo - directement dans la légende du sport automobile.
Le parcours en lacets a Gap du Rallye de Monte-Carlo, première manche du championnat du monde WRC.

En rallye aussi, il faut bien savoir faire ses lacets

© Jaanus Ree/Red Bull Content Pool

De jour, et alors ?

Pourtant, pour différentes raisons, la “Nuit du Turini” disparaît en 1997. Sébastien Loeb et Sébastien Ogier ont alors 23 et 14 ans et rêvent probablement de réaliser les mêmes exploits que leurs idoles. C’est ce que fait Loeb dès 2005. Au volant de sa Citroën, il établit un record de vitesse sur la dernière spéciale du rallye. Il boucle ainsi La Bollène - Vésubie - Sospel (en passant par le col, donc) en 21:40 avec une moyenne de 86,3 km/h… Une performance d’autant plus impressionnante que la journée est marquée par des incidents impliquant des spectateurs ayant jeté… de la neige sur le sol. Comme quoi, certaines (mauvaises) habitudes ont la peau dure.
Un an plus tard, en 2006, le col sourit une nouvelle fois à l’Alsacien qui remporte deux des trois passages (tous de jour). Si cette performance n’est pas couronnée par une victoire finale (qui revient à Marcus Grönholm), elle place Loeb comme l’un des spécialistes du secteur… Avant l’arrivée d’un autre Sébastien à qui le col réussira aussi pas mal.
Sébastien Loeb célèbre sa victoire sur le podium du Rallye de Monte-Carlo, à Monaco, première étape du championnat du monde des rallyes WRC 2022.

L’immortel Sebastien Loeb

© Jaanus Ree/Red Bull Content Pool

Le retour de la nuit

On le disait, entre 1997 et 2012, le col de Turini ne se dispute plus de nuit, au grand dam des fans qui se massaient souvent en nombre autour des 34 lacets du tracé pour voir passer les voitures à des allures folles dans la nuit noire. En 2012, donc, après un break de 15 ans, la Nuit du Turini est réintroduite par les autorités du WRC. Mais cette année-là, aucun français ne performe sur ce tronçon. Il faut attendre 2013 pour que tout change.
Les deux spéciales dédiées au col sont alors marquées par plusieurs abandons (Novikov, Latvala, Häninnen). C’est le français Bryan Bouffier qui s’adjuge la première spéciale (aux alentours de 15h entre le Moulinet et La Bollène-Vésubie) après un gros duel avec Sébastien Ogier. Ce dernier ne peut rien faire non plus contre Loeb lors de la deuxième spéciale Moulinet - La Bollène-Vésubie. Pensant pouvoir se rattraper lors de la fameuse nuit, il n’en est rien : le col, submergé par l’affluence, est fermé et la spéciale est annulée… Ce n’est que partie remise pour Ogier, qui, en 2018, remporte le premier des trois passages en réalisant le meilleur chrono d’entrée. Une performance qui le met en confiance pour remporter le rallye (son cinquième, tout de même).
Sébastien Ogier roule sur le parcours du Rallye Monte Carlo, manche du championnat WRC à Monaco, en 2013.

Au Turini, col roulé obligatoire

© Flavien Duhamel/Red Bull Content Pool

La folie, toujours

En 2019, le col est encore au centre du Rallye Monte-Carlo. La raison ? Il est décisif dans l’obtention du sixième Monte-Carlo de Sébastien Ogier. Le finish est juste dingue : l’Estonien Ott Tänak s’adjuge les deux premiers passages du col de la journée et dépasse Loeb au classement. Ogier en profite, remporte la “nuit” et s’adjuge le Rallye Monte-Carlo le plus serré de l’histoire devant son homonyme (2,2s d’avance).
Sébastien Ogier du team Toyota Gazoo Racing célèbre sa victoire sur le podium du Rallye de Monte-Carlo, à Monaco, première manche du WRC 2021.

Pour secouer, restez masqués

© Jaanus Ree/Red Bull Content Pool

Tout cela nous amène à l’édition 2022. Cette dernière voit le retour du col de Turini de nuit comme première spéciale le jeudi. Une occasion que Sébastien Ogier ne laisse pas passer en s’imposant devant Loeb (6,7s d’écart). Ce duel (littéralement) au sommet n’empêche pourtant pas l’Alsacien de remporter le Rallye à 47 ans et signer ainsi sa 80ème victoire en carrière. Rien que ça.
Pourra-t-on faire mieux que ce scénario en 2023 ? Seuls la neige et les virages nous le diront.

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