Gee Atherton en train de tester le « Widow Maker » avant la Red Bull Rampage 2023
© Dan Griffiths
VTT

Le journal de l’Utah : la Red Bull Rampage 2023 de Gee Atherton

Gee Atherton avait de gros objectifs pour l’Utah cette année. Malheureusement, son retour à la compétition a été stoppé net par une chute lors d’un énorme drop. Récit.
Écrit par Dan Griffiths
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La Red Bull Rampage a été créée pour la crème de la crème du VTT freeride. La compétition rassemble les meilleurs bikers de la planète sur un terrain abrupt, sauvage et naturel.
L’événement est un mélange de descente et de slopestyle dans les paysages du sud de l’Utah. En résumé : c’est l'apogée du vélo de montagne dans un décor tout droit sorti d’un film de science-fiction.
Une photo des montagnes de l'Utah où se déroule la Red Bull Rampage.

Le sud de l'Utah pourrait accueillir des tournages de Star Trek

© Dan Griffiths

Revivez la Red Bull Rampage sur Red Bull TV. Pour une expérience optimale, vous pouvez également télécharger l’application sur TV, smartphone et tablette.
Contrairement à la descente, spécialité de Loïc Bruni, il ne s’agit pas de dévaler la pente le plus vite possible. Pour la Red Bull Rampage, les coureurs doivent faire preuve de créativité et innover pour se différencier des autres freeriders.

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Red Bull Rampage : 20 ans de freeride au plus haut niveau

Le 20ème anniversaire de la Red Bull Rampage est célébré par un retour sur les moments les plus emblématiques de l'histoire de la course emblématique de VTT freeride.

Russe

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Avant l’événement : Gee et la Red Bull Rampage

La liste des riders pour la session de 2023 était très hétéroclite, allant piocher dans de multiples disciplines et des tranches d’âge assez larges. Au milieu de ce melting pot, un nom auquel on s’attendait moins, qu’on n’avait plus vu depuis plus de dix ans, ressortait : celui de la légende du Mountain Bike, Gee Atherton.
Le rider de VTT Gee Atherton pose pour un portrait en amont de l'édition 2023 de la Red Bull Rampage à Virgin, aux États-Unis.

Gee Atherton prêt pour la Red Bull Rampage

© Christian Pondella/Red Bull Content Pool

Je suis super excité de participer à nouveau à la Rampage, ça colle bien avec ce que j’ai fait récemment
Atherton a fait ses débuts en Red Bull Rampage en 2003, à seulement 18 ans, juste après avoir remporté une médaille d’argent aux Championnats du monde Junior.
Même si ce premier événement ne s’était pas déroulé comme prévu (une grosse chute l’avait envoyé à l’hôpital), Atherton n’a pas baissé les bras. En 2004, il était de retour et a posé un run exceptionnel pour terminer à la seconde place derrière Kyle Strait.

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Le best of de la Red Bull Rampage 2004

Revivez les meilleurs moments de la Red Bull Rampage 2004.

En 2008, lorsque la Red Bull Rampage a fait son retour pour une quatrième édition après une petite pause, les présages semblaient parfaits : Atherton était en pleine forme, il est arrivé avec son titre de champion de descente en poche. Et pourtant, une nouvelle chute l’a tenu éloigné de la finale, et de son épaule qu’il a disloqué au passage.
Gee Atherton et son wall ride incroyable en 2010, à la Red Bull Rampage.

Le wall ride iconique de Gee Atherton lors de la Red Bull Rampage 2010

© Sven Martin/Red Bull Content Pool

En 2010, Atherton était à nouveau au top pour l’événement avec son titre au général de la Coupe du monde sécurisé. Sur son stormer, il a placé un wall ride (à voir ci-dessus) qui est entré dans la légende de la Rampage et lui a permis de prendre la deuxième place derrière Cam Zink.

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Red Bull Moments 2010 - Gee Atherton

Gee Atherton passe un énorme drop pendant la Red Bull Rampage 2010.

Passer un trick une fois ne veut toutefois pas dire que la seconde tentative aura le même résultat…
En 2012, la Red Bull Rampage a offert un de ses moments les plus iconiques, malheureusement pas pour les bonnes raisons. Tous ceux qui connaissent un peu l’événement savent qu’il s’agit de l’année où Gee Atherton a chuté à nouveau. Après être sorti un peu trop de la trajectoire prévue sur son wall ride, son visage avait fait connaissance avec les roches de l’Utah pendant un bref instant et mis fin à son run.

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La terrible chute de Gee Atherton

Les images de la chute de Gee Athertonlors de la Red Bull Rampage.

L’histoire de Gee et de la Red Bull Rampage est loin d’être un long fleuve tranquille, mais à chaque participation, lorsqu’il a réussi à rester en selle, il a fini à la deuxième place. À l'heure actuelle, il est le dixième rider de la compétition en termes de succès.
En octobre 2023, le Britannique fêtait ses 20 ans depuis sa première participation à la Rampage. Entretemps, pas mal de choses avaient changé.
Gee Atherton durant un run de la Red Bull Rampage.

Gee Atherton sur un nuage pour sa sixième apparition en Rampage

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En 2019, Atherton était censé participer, mais un crash à l’entraînement l’avait contraint à l’abandon. Ces dernières années, il s’est concentré sur le freeride et le big mountain, les fans étaient donc assez excités à l’idée de découvrir sa nouvelle approche.
Gee Atherton durant l'entraînement de la Red Bull Rampage 2023.

Atherton a les yeux rivés sur la ligne parfaite

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Première semaine : la construction

Gee Atheron creuse sa ligne pour la Red Bull Rampage 2023.

La construction de la ligne est un travail assez difficile

© Dan Griffiths

Une des choses les plus passionnantes pendant la Red Bull Rampage, et ce qui la différencie des autres événements de freeride, c’est le fait que les participants doivent créer eux-mêmes leurs lignes pour la compétition. Ils arrivent à Virgin, dans l’Utah, accompagnés de deux « constructeurs » désignés qui sont chargés de les aider, en plein soleil, à imaginer et créer le parcours du rider pour le jour J.
Gee Atherton et son crew en pleine construction.

La Red Bull Rampage, pas le meilleur camp de vacances

© Dan Griffiths

La semaine de construction est hyper compliquée. On peut passer 10 heures dehors sous 35 degrés chaque jour, c’est très éprouvant
Alf Raynor, Atherton's dig crew
Pendant la première semaine, quatre jours de construction sont autorisés, durant ceux-ci, il est interdit d’utiliser un vélo. Ce temps est destiné à être sûr d’avoir progressé le plus possible pour avoir une chance de compléter la ligne avant le jour de l’événement.
En 2023, de nombreuses lignes de 2022 étaient encore visibles et utilisables. Aucune règle n’interdit de s’en servir et cela peut permettre de gagner un temps précieux puisqu’il s’agit de repérer et non de créer.
Il n’y a rien de mal à se montrer créatif en modifiant le travail d’un ancien rider, mais si vous voulez faire forte impression, il faut mieux repartir de zéro et être le plus original possible.
Gee Atherton construit sa ligne lors de la Red Bull Rampage 2023.

Atherton a construit sa ligne sur le flanc droit de la montagne

© Dan Griffiths

Pour Chris Lawrence, juge sur la compétition, les riders qui « utilisent le mieux le terrain ici font la meilleure impression ». La plupart des formations rocheuses de Virgin se prêtent très bien au freeride, mais s’en servir de manière optimale est un art qui demande de la finesse, sur le vélo comme une pelle à la main.
Gee Atherton et son équipe évaluent les possibilités de lignes pour la Red Bull Rampage 2023.

Y a moyen de le passer ? On verra bien...

© Dan Griffiths

Les riders sont limités à deux constructeurs et toute aide extérieure résultera en une disqualification pure et simple. Au début de la semaine, les crews reçoivent 75 sacs de sable avant d’être envoyés en reconnaissance.
Il est possible d’utiliser des outils, de l’eau, des rochers et tout ce qu’on peut trouver de manière naturelle sur la montagne. Les outils à moteur sont toutefois interdits. Le faible nombre de jours alloués à creuser, les maigres ressources des équipes et le manque d’effectifs obligent les équipes à travailler dur et de manière intelligente pour finir la ligne à temps. Pendant le repérage, il est vital que les crews ne soient pas tentés d’imaginer un parcours qu’ils ne pourraient pas réaliser. Il faut imaginer quelque chose de spectaculaire tout en restant réaliste.
Malgré l’interdiction de recevoir une aide extérieure, les équipes peuvent s'entraider et collaborer pour créer des spots et réduire les temps de construction. En général, ces discussions ont lieu pendant la journée dédiée aux repérages. Après quoi, chaque team se lance tête baissée pour accomplir sa tâche en une semaine.
Soumises à la chaleur du désert, les équipes ne font pas grand-chose si ce n’est dormir, manger et creuser. La plupart des journées débutent au lever du jour et se terminent dans la soirée, et si le travail physique ne vous achève pas, c’est le soleil et la chaleur qui s’en chargeront.
Le cinquième jour est consacré au repos (c’est obligatoire). Le site est même fermé. Après quatre journées de 12 heures sous le soleil des montagnes de l’Utah, il n’y a en général personne pour s’en plaindre.
Le crew de Gee en pleine construction.

Le coup de pelle de la victoire ?

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Le jour de repos a été incroyable. Je me suis réveillé à 7 heures et j’étais si content de pouvoir rester un peu au lit, sans avoir à me lever pour soulever des rochers dans la chaleur toute la journée
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Deuxième semaine : l’entraînement

Plan aérien du site de la Red Bull Rampage 2023.

La crête au centre de l'image ? C'est la zone de départ

© Dan Griffiths

Après cette journée dédiée à la récupération (le 8 octobre), les riders et leurs crews ont repris leur travail pour la deuxième semaine. Pour la plupart des athlètes, il reste habituellement du travail à faire sur les lignes, mais une bonne partie d’entre elles peuvent désormais être passées.
L’entraînement commence officiellement le lundi (le 9 octobre). Chaque participant en profite pour travailler sur les lignes spot par spot. Terrain vertigineux oblige, ils ne s’attardent pas plus que nécessaire sur la piste. Ils préfèrent plutôt tester ce qu’ils ont créé, vérifier qu’ils sont à l’aise dessus, et ils passent ensuite à la section suivante du parcours.
Gee Atheron durant l'entraînement pour la Red Bull Rampage.

Construction, entraînement, construction, entraînement

© Dan Griffiths

Encore une fois, il faut trouver le bon équilibre entre travail de la ligne et VTT, le tout en gardant de l’énergie pour les épreuves à venir. La plupart des riders se concentrent sur la construction lors de la première semaine, avec le jour de récupération comme ceinture de sécurité. Une fois celui-ci passé, ils lèvent le pied, histoire d’être en forme pour le jour J.

Gee Atherton et son crew :

Un bon crew de construction, c’est beaucoup plus qu’une éthique de travail décente et une maîtrise de la pelle.
Dans l’équipe d’Atherton de cette année, on retrouve deux employés du Dyfi Bike Park, au Pays de Galles. Bence Kuli et Alf Raynor travaillent là-bas toute l’année, ils ont aussi aidé Gee pour son projet Ridgeline et ses constructions pour la Red Bull Hardline ces dernières années. Ils sont aussi à l’aise à vélo, une compétence bienvenue quand on passe ses journées à créer des obstacles pour les deux roues.
Gee et son crew pendant la Red Bull Rampage 2023.

Alf, Gee et Bence se posent à l'abri du soleil, bienvenue en Mordor.

© Dan Griffiths

J’ai passé énormément de temps sur le vélo pendant la phase de construction. J’aurais dû passer deux semaines à creuser !
« Quand on construit des choses de cette taille, on crée des choses qui sont à la limite du possible ». Explique Alf. « Avoir un deuxième avis auquel on peut faire confiance fait une énorme différence. Ce n’est pas juste un taff, on aime vraiment Gee et on est là en tant qu’équipe ».
Le crew est arrivé une semaine en avance avec Atherton pour gérer le jetlag et passer un peu de temps sur ce terrain relativement méconnu. « C’est complètement différent par rapport à Dify, c’est clair ». Continue Alf. « M’acclimater à la terre ici m’a pris un peu de temps, à savoir comment travailler le plus vite et efficacement possible ».

La construction

Avec les limitations, les équipes doivent être capables de gérer la pression et de prendre les bonnes décisions au moment du repérage. Si un spot ne fonctionne pas, cela peut ruiner tout le reste de la piste, laissant le rider bloqué à mi-descente ou pire, blessé.
Après quatre journées harassantes, le gros du travail était fait et Atherton a pu s’entraîner pendant que son crew apportait les touches finales. « On a essayé de faire en priorité tout ce qui était vraiment fatiguant pour avoir ensuite le temps de récupérer avant la semaine de ride ».
« Les plus gros spots sont créés » explique Bence. « La ligne doit juste être un peu retouchée, c’est ce qu’on va continuer à faire pendant la semaine. Une fois que Gee sera repassé dessus, on aura une meilleure idée de ce qu’il reste à faire ou à changer, mais pour la majeure partie, il faudra simplement modifier quelques petits trucs ».
Cruciaux pour le support structurel des sauts et des rampes d’atterrissage, les 75 sacs de sables ont été utilisés. Une bonne partie d’entre eux sont partis dans une structure qui a été remarquée par les autres participants : surnommée « The Widow Maker » (“le Faiseur de Veuves en français), la rampe doit permettre de se réceptionner après un drop de 18 mètres, on comprend pourquoi le crew y a consacré du temps.
Gee Atherton et son crew bossent sur un drop.

Petites modifications pour le point de départ du « Widow Maker »

© Dan Griffiths

Ce travail a proposé des défis assez peu familiers à Alf et Bence.
« À la maison, la terre est beaucoup plus humide » rappelle Alf. « Ici, on se bat contre le soleil. Il y a une courbe de progression, apprendre à utiliser la terre, comprendre ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, mais on s’en sort clairement de mieux en mieux ».
Travailler à flanc de montagne n’est pas non plus quelque chose de particulièrement simple, même si des équipes de cordées sont disponibles pour équiper les constructeurs de baudriers. Et heureusement, tous les spots des lignes ne requièrent pas non plus d’être encordés.
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La ligne : ce qui aurait pu être fait

Les constructions en communs avec d'autres équipes permettent d'énormes économies de temps et d'énergie.

Le fameux « Pirate Ship »

© Dan Griffiths

La ligne qu’Atherton était censé rider aurait porté sa marque : elle était rapide, technique et blindée de gros sauts. Dès le départ, le VTTiste était lâché sur une ligne de crête, avant de se retrouver à flanc d’une falaise séparée du reste de la montagne. Le gap séparant les deux sections était déjà assez impressionnant, mais la chute de l’autre côté ajoutait en plus un petit facteur frisson au tout.
La ligne partait ensuite sur « The Pirate Ship » (le Bateau Pirate, ndlr), un spot partagé avec le freerider polonais Szymon Godziek et le Britannique Brendan Fairclough. En mettant leurs ressources en commun, le spot avait pu voir le jour. Sans cela, la charge de travail requise aurait été beaucoup trop grande pour une seule équipe.
Après ce drop, il fallait naviguer sur une autre crête très fine avant un nouveau saut de 20 mètres bien compliqué puisque les zones de départ et d’arrivée n’étaient pas parfaitement alignées. L’endroit étant exposé et assez dangereux, la réception devait être hyper précise.
Le crew de Gee Atherton pour la Red Bull Rampage 2023.

L'équipe affûte la piste

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Venait ensuite un segment à fond sur les hauteurs, amenant le rider sur le côté droit de la montagne. Après cela, une série de drops bien dense attendait Gee.
À ce moment du run, Atherton aurait été en train de réfléchir au prochain spot, le fameux « Widow Maker », qui aurait nécessité absolument toute son attention et sa technique pour qu’il puisse le passer avec succès.
Le drop qui empêchera Gee d'aller au-delà de l'entraînement.

« The Widow Maker » toujours aussi rassurant

© Dan Griffiths

Mes blessures ont à chaque fois été le résultat de la précipitation, quand je n’ai pas pris assez de temps pour construire ou prêté assez attention aux détails
Atherton et son crew avaient passé énormément de temps à construire ce spot incroyable. La zone d’atterrissage, à elle seule, avait pris trois jours.
Sur la fin de la run, après l’énorme saut, il fallait encore passer à pleine vitesse sur une rampe étroite avant un nouveau drop de plus de 20 mètres.
Comme la plupart de la ligne était déjà terminée, le crew s’est attelé à la peaufiner pendant que Gee faisait des tests sur chaque spot.
« Creuser une ligne pour la Red Bull Rampage est vraiment un art, il faut réussir à trouver un équilibre entre plusieurs aspects » explique Atherton. « Il ne faut pas se tuer à la tâche, et créer une ligne qu’on peut rider et terminer à temps est très difficile. Évidemment, on a échoué sur ces deux choses. La semaine a été brutale, mais on adore chaque minute passée ici et j’ai beaucoup de chance d’avoir une équipe aussi talentueuse derrière moi ».
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Troisième semaine : la ride, le crash et la suite

Premier jour

Assez rapidement, la semaine de ride débute et il est temps pour les participants de tester (non sans un peu de doute) les spots qu’ils ont créés.
Sans surprise, Gee avait une certaine appréhension avant d’essayer « The Window Maker ». Mais d’abord, il devait évaluer d’autres spots, considérés comme plus simples et moins intimidants, histoire d’être à l’aise avec sa ligne et son vélo.
Gee Atherton teste sa ligne pour la Red Bull Rampage 2023.

Même les spots « tranquilles » de Gee étaient monstrueux

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On a mis en place un plan pour savoir quels spots tester en premier, on a décidé de commencer avec deux drops moyens. Ils sont très cool, assez faciles à lire et relativement safe
Alf Raynor
Comme les montagnes de Virgin peuvent être très dangereuses pour les riders, il est vital que le vent soit minimal. Dans l'après-midi, le vent souffle en général assez fort. La plupart des VTTistes font donc leurs essais le plus tôt possible. On peut les voir à l’aurore, en train d’étudier leurs lignes pour se familiariser avec et visualiser leurs parcours.
L’entraînement est assez complexe, il faut réussir à maîtriser la descente sans prendre trop de risques. La majorité des participants passent une ou deux fois sur chaque spot avant de décider s’ils le modifient ou non. Presqu’aucun d’entre eux ne fait un run complet jusqu’au jour J.
Gee Atherton en train de tester sa ligne pour la  Red Bull Rampage 2023.

Le début « détente » de la run de Gee Atherton

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Atherton a adopté la même approche. Il s’est appuyé sur ses années d’expérience pour savoir comment s’organiser. En commençant par deux sauts moyens, il savait qu’il prenait un risque calculé et relativement faible.
Le premier saut s’est bien passé, si on fait abstraction d’un contact entre l'entrejambe de Gee et la roue arrière. Assez douloureux, mais rien qui puisse l’empêcher de continuer. Il était ensuite temps de s’attaquer au gros drop situé en haut du parcours (un choix logique compte tenu de la similarité du spot avec ceux de son projet Ridgeline), même si assez vertigineux, Atherton savait qu’il restait dans une certaine zone de confort.
Le drop de haut de parcours était déjà énorme

Le drop de haut de parcours était déjà énorme

© Dan Griffiths

À ce moment de la journée, la plupart des riders avaient mis fin à leur entraînement, ce qui veut dire que pas mal de regards étaient tournés vers lui et sa ligne. Habitué à la pression, il a tenté de continuer tranquillement en restant concentré.
Plus tard dans la matinée, comme prévu, le vent s’est levé et a mis fin à l’entraînement. Les spots testés avaient été validés, laissant peu de choses à retoucher. Après avoir mangé, le crew a pu commencer à construire la dernière zone d’atterrissage du parcours. Atherton avait évalué presque tous les spots, sauf «The Widow Maker ».
Quand on fait des trucs aussi gros, on commence à se poser des questions et il y a pas mal de choses en jeu, donc c’est vraiment bien d’avoir des gens autour de soit à qui on peut faire confiance pour avoir un deuxième avis

Deuxième jour

Gee Atherton se prépare à tenter de passer le « Widow Maker ».

De quoi bien stresser

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Quand on doit pédaler à la frontière de l’impossible, il y a toujours une bonne part de risque. La Red Bull Rampage permet aux riders de gérer ce risque, de décider jusqu’où ils sont prêts à aller.
Pour Atherton, il a toujours été question d’aller plus loin, de repousser les limites par rapport à ses performances précédentes. « The Widow Maker » a été construit avec cet objectif en tête.
Le mardi matin, la tension était palpable. Après plusieurs nuits compliquées, l’anticipation était à son comble et Atherton a décidé de faire le grand saut. Après l’échauffement sur plusieurs drops, il est descendu vers le spot pour analyser le rebord. Il a fait de son mieux pour anticiper le vent, imaginer la vitesse qu’il devrait avoir, étudier sa trajectoire et les autres facteurs qui pourraient faire la différence entre le succès et l’horreur.
Gee Atherton prépare sa réception.

Mardi matin : dernière préparation de la piste de réception

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« On a passé énormément de temps à regarder et à analyser. Gee a demandé leur avis a beaucoup de personnes. Il y avait énormément de questions, mais on a laissé très peu de place au hasard. » se souvient Alf Raynor.
Au moment où Gee Atherton s’est préparé, on pouvait entendre une mouche voler. Il était si concentré qu’il n’a pas remarqué le nombre de gens qui étaient venus assister au spectacle. Après ce qui a semblé être une éternité, il était temps.
Il a mis son masque, vérifié le vent : « Trois, deux, un… go ».
Gee Atherton en train de tester le « Widow Maker » avant la Red Bull Rampage 2023

Le moment de vérité...

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La suite

« Désolé, les gars » a été la première phrase a passer les lèvres d’Atherton lorsqu’il a repris conscience. Du point de départ à la réception, il avait parcouru 22 mètres. Entre une bourrasque inattendue et une prise d’élan à trop grande vitesse, la réception était simplement trop lourde, pour le vélo comme pour lui.
Atherton est resté au milieu de la piste, sans bouger, pendant quelques instants. Un soulagement général s’est fait sentir une fois qu’il a confirmé qu’il pouvait toujours sentir ses doigts ou ses orteils. Après un premier check des médecins, ils ont indiqué être presque certains de l’absence de blessures sérieuses, mais il fallait tout de même vérifier via des radios, à l’hôpital.
Gee Atherton à l'hôpital après sa chute.

« Oh, ça va alors »

© Dan Griffiths

La position dans laquelle j’ai atterris n’était pas géniale pour résister à un choc pareil. De là, j’ai glissé sur toute la piste, sur la tête.
Les radios ont confirmé quelques fractures au niveau des vertèbres et du crâne. En l’apprenant, Gee a répondu comme on pouvait s’y attendre, à sa manière : « Oh, ça va alors ». Les blessures étaient sérieuses, mais restaient légères compte tenu de l’intensité de la chute. Il allait être éloigné des pistes pendant plusieurs mois.
Obligé de devenir spectateur de l’événement, la Rampage lui a laissé un goût amer. Il était reconnaissant de pouvoir marcher et d’assister aux runs des autres riders, mais aussi dégoûté et frustré de ne pas être là-haut, avec eux.
Gee Atherton assiste à la Red Bull Rampage après être sorti de l'hôpital

Gee et reviennent sur ce qu'aurait pu donner la ligne

© Dan Griffiths

Sa Red Bull Rampage 2023 restera comme une expérience intéressante pour Gee Atherton, même si le résultat a été loin d’être celui espéré. Malgré la chute, il est déjà déterminé à revenir l’année prochaine.
« J’ai mal, mais le plus difficile à avaler est vraiment de rater l’événement, surtout après tous les efforts de mon crew. Je voudrais remercier les équipes médicales et Alf Raynor, Bence Kuli et Dan Griffiths pour m’avoir aidé à créer ce monstre. On reviendra ».
Pour revivre la compétition dans sa totalité, c’est ici.

Fait partie de cet article

Red Bull Rampage

Pour sa 22e année d'existence, le plus gros événement de freeride en montagne rassemble une nouvelle fois les meilleurs riders du globe sur les terrains les plus difficiles!

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