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Le groupe 2 Live Crew. Retour sur l'histoire de la censure musicale.
© Jeff Kravitz/FilmMagic, Inc./Getty Images
Musique
Une Brève Histoire de la Censure Musicale
Comment les autorités ont tenté d'interdire la musique à travers les âges.
Écrit par Zach Schonfeld
Temps de lecture estimé : 15 minutesPublished on
La musique populaire a toujours eu le pouvoir d’indigner, d'effrayer, de bousculer. Au risque d’avancer une chronologie simpliste, le phénomène peut s’observer par cycles de génération. Celle de la Première Guerre mondiale scandalisa ses parents à coups de swing et de danses indécentes dans les clubs de jazz, puis s’offusqua quand ses enfants se mirent à secouer les hanches au rythme du rock & roll. Celle du baby-boom découvrit la liberté amoureuse et sexuelle à Woodstock, puis sema un vent de panique morale avec l’émergence du hip-hop. Au milieu des années 1980, Prince et ses évocations sans fard de l’acte sexuel contribuèrent à la tenue d’une audience sénatoriale sur l’obscénité musicale. Une trentaine d’années plus tard, sa disparition prématurée lui vaut les hommages officiels du président des États-Unis.
Toutes les grandes innovations musicales, du jazz de salon à Beyoncé, ont connu leurs détracteurs. Mais il arrive que la critique cède le pas à une résistance structurée, à la ferveur moraliste. La réaction anti-disco de la fin des années 1970, qui culmina avec la "Disco Demolition Night" de 1979, est peut-être le mouvement anti-musical le plus étrange qui fût, mais l’histoire est bourrée de bizarreries analogues. Tour d’horizon de cet étrange spectacle, avec huit autres mouvements anti-musicaux qui ne s’oublient pas.
Stravinsky's Rite of Spring - Opening

Le massacre du printemps (1913)

En 1913, Igor Stravinsky donnait à Paris la première de son nouveau ballet, et son plus révolutionnaire, Le Sacre du printemps. Son précédent, Petrouchka, avait fait un malheur en 1911, mais la même année, son chorégraphe, Vaslav Nijinsky, avait scandalisé le public avec une interprétation lascive de L’Après-midi d’un faune de Debussy. Pour autant, rien ne les aurait préparés à l’accueil qui fut réservé au Sacre.
À la première, écrit Jean Cocteau, figuraient dans la salle "mille nuances de snobisme, sur-snobisme, contre-snobisme". Si la suite des évènements fait débat, ce que l’on sait, c’est que la teneur dissonante et avant-gardiste de la nouvelle œuvre de Stravinsky sema le chaos au sein d’un public ultra-élitiste — y compris des cas de violence physique et de projectiles lancés en direction de la scène. Selon certaines versions, la représentation déclencha une véritable émeute au cours de laquelle au moins une personne se vit proposer un duel. Un témoignage affirme que plus d’une quarantaine de personnes furent arrêtées ce soir-là. Stravinsky et Nijinsky auraient adressé leurs derniers saluts au public sous les huées des protestataires.
Si l’on connait mal déroulement précis des évènements, on sait tout de même que Le Sacre du printemps a choqué et dérangé. Son célèbre titre est aujourd’hui synonyme de "massacre" – annonçant un siècle de musique composée pour choquer, provoquer et bousculer ses auditeurs. Le Sacre, selon la formule de l’historien Esteban Buch, fut "comme une porte d’entrée sur la modernité, le XXème siècle".

La police du jazz (années 1920-1930)

Le jazz captiva l’Amérique des bars clandestins bondés de la Prohibition. Mais comme n’importe quel mouvement culturel radical, son énergie chaotique et son éternelle improvisation en effrayaient certains. "Ça n’a rien à voir avec de la musique, déclara Henry van Dyke, professeur à Princeton, ce n’est autre qu’une irritation du nerf auditif." Même le New York Times relaya le discours de la "menace jazz" en publiant un article affirmant que le jazz était responsable d’une crise cardiaque qui avait coûté la vie à un chef d’orchestre.
La réaction des États-Unis au jazz, pourtant, était modérée en comparaison à celle que son arrivée déclencha ailleurs — en particulier en Irlande. Dans cette Irlande des années 1930, frappée par la misère, l’église catholique montrait une inquiétude grandissante face à la dépravation sexuelle et ces danses que pratiquait la jeunesse. À la faveur du gramophone et autres innovations de l’enregistrement sonore, les irlandais se mettaient à écouter du jazz, au grand désarroi des nationalistes culturels qui voyaient cette musique comme un affront à la culture traditionnelle irlandaise. L’hystérie atteignit son comble au Nouvel an 1934, quand des milliers de personnes défilèrent à l’occasion d’une manifestation anti-jazz dans la petite ville de Mohill. "Le défilé comptait cinq orchestres, et les manifestants portaient des banderoles arborant des slogans type 'À bas le jazz' et 'Au diable le paganisme'" relate theirishstory.com, spécialisé dans l’histoire irlandaise. Au cœur du mouvement officiaient le prêtre Peter Conefrey, qui exigeait du gouvernement une interdiction de la danse jazz, et le cardinal MacRory, qui décrivit ces danses comme "une source abondante de scandale et de ruine, spirituelle et séculière" qui exposerait d’innocentes jeunes femmes à "un déshonneur irréversible et une vie de chagrin."
Pauvre Cardinal MacRory. Ne vous rendiez-vous pas compte que le phénomène n’en était que plus engageant ? Hélas, le jazz n’infligea au peuple irlandais ni diablerie ni débauche.

Les Beatles vs Jésus-Christ (1966)

John Lennon n’avait pas tort : la popularité des Beatles dépassait en effet celle de Jésus-Christ. Mais l’affirmer tout haut, surtout à une époque où les pop-stars n’allaient pas systématiquement asséner des déclarations sottes et sulfureuses sur les réseaux sociaux, n’était pas l’idée du siècle.
La phrase en question fut prononcée le 4 mars 1966 lors d’une interview avec Maureen Cleave pour le London Evening Standard. "On est devenus plus populaires que Jésus" disait Lennon, selon les notes de la journaliste. "J’ignore lequel disparaitra en premier – le rock &roll ou le christianisme. Jésus était un type bien, mais ses disciples étaient bêtes et quelconques. Ils ont tout déformé et, à mes yeux, tout décrédibilisé."
La réplique de Lennon passa relativement inaperçue jusqu’à ce que Datebook ne republie l’entretien aux États-Unis cet été-là, incitant à son tour le New York Times à en faire un sujet dans une édition du mois d’août. Entra en scène la ferveur religieuse. Un célèbre disc-jockey de l’Alabama, Tommy Charles, de radio WAQY, cessa de passer les Beatles et qualifia le commentaire de "sacrilège". Dans l’Amérique profonde (et jusqu’à Mexico en passant par l’Afrique du Sud) feux de joie, boycotts et manifestations firent rage. La tournée américaine qui suivit fut entachée par les démonstrations d’indignation – une apparition surprise, entre autres, du Ku Klux Klan. À bon escient, le manager des Beatles se mit à craindre pour la sécurité du groupe. Pas étonnant que les Beatles aient mis fin à leurs tournées après 1966.

Disco Demolition Night (1979)

Existe-t-il un autre genre, en dehors du disco, qui ait suscité à son encontre une réaction aussi immédiate et virulente ? Sans doute pas. Alors que le punk déferlait dans les clubs de la fin des années 1970, les slogans et T-shirts "Disco sucks" firent leur apparition un peu partout. Même Mark Mothersbaugh, de Devo, se joignit aux hostilités, en comparant le disco à "une femme avec un corps magnifique mais un cerveau creux". Art Alexakis, d’Everclear, saisirait bien ce sentiment vingt ans plus tard dans les paroles d’ "AM radio" : "We like pop / We like soul / We like rock / But we never liked disco."
Mais le summum du mouvement anti-disco fut atteint le 12 juillet 1979 – "le jour où le disco est mort". C’est ce soir-là que l’animateur radio et roi de la provoc Steve Dahl amena la Disco Demolition Night sur un terrain de base-ball, à l’occasion d’une épreuve de force opposant les Chicago White Sox aux Detroit Tigers. La vindicte de Steve Dahl était personnelle : il avait été mis à la porte d’une chaîne chicagolaise quand celle-ci avait adopté un formule 100% disco et, à l’antenne de WLUP, où il animait une nouvelle émission, il raillait le disco en direct et popularisa une parodie du "Do Ya Think I’m Sexy" de Rod Stewart, ré-intitulée "Do You Think I’m Disco".
La détonation cérémonieuse d’albums disco entassés in situ attira bien des mélomanes au terrain de base-ball ce soir-là, mais le succès de l’évènement dépassa les attentes. L’affaire se solda par une gigantesque émeute, qui endommagea le terrain et nécessita l’intervention d’une police en tenue ad-hoc. Une promotion désastreuse – mais diablement efficace. Dans ses recherches sur la réaction anti-disco, l’historien Gillian Frank écrit que l’évènement "déclencha une colère à échelle nationale contre le disco, qui disparut bientôt du paysage culturel américain".
Pour l’industrie du disque, cela n’augurait rien de bon. La chute du disco précipita un hiatus dans les ventes disques au début des années 1980, qui durent attendre 1982 et Thriller de Michael Jackson (et avec, la révolution MTV) pour redécoller.
Frank Zappa at PMRC Senate Hearing on Rock Lyrics

Porn Wars (milieu des années 1980)

L’anecdote est connue : Tipper Gore éprouva une telle horreur en tombant sur sa fille qui se trémoussait sur le "Darling Nikki" masturbatoire de Prince qu’elle cofonda le Parents Music Resource Center (PMRC), un comité d’ "épouses de Washington" dont l’enjeu principal était d’épargner à d’autres parents le cauchemar de voir leurs enfants exposés à des paroles explicites. Un objectif était de faire pression sur l’industrie musicale afin qu’elle consente à établir un "système de directives et/ou de référencement" semblable à ce qui se pratique au cinéma. Mais ces efforts tombèrent dans l’auto-parodie en 1985 quand l’association fit circuler une liste de quinze morceaux – la "Quinzaine cochonne" – jugés particulièrement répréhensibles. Cette liste comptait des œuvres d’une candeur aussi inoffensive que "She Bop" de Cyndi Lauper et "We’re Not Gonna Take It" de Twisted Sister, tout en fustigeant des groupes de métal comme Venom et Mercyful Fate (que les ados étaient d’ailleurs peu à écouter) et leur penchants pour l’occultisme.
La parade anti-cochonnerie fut à son comble au printemps 1985, quand Dee Snider, Frank Zappa et John Denver apparurent dans une audience sénatoriale, largement médiatisée, pour s’exprimer contre ce qu’ils considéraient comme une vague de censure musicale. C’est à cette intervention que l’on doit la fameuse sortie de Zappa déclarant que les propositions du PMRC "confinaient au traitement pelliculaire par décapitation". Le rockeur fit le tour des plateaux de télévision et remania un enregistrement de l’audience en un collage sonore intitulé "Porn Wars". L’album correspondant, Frank Zappa Meets the Mothers of Prevention (1985), prit la forme d’un pied de nez adressé au comité Gore, avec son titre et la mention ironique apposée en couverture, promettant à l’auditeur qu’en rien le contenu du disque ne "causerait de tourment éternel là où le type aux cornes et au bâton pointu fait son business". Mais le PMRC eut le dernier mot quand la Recording Industry Association of America prit la décision en catimini d’ajouter des autocollants d’avertissement aux albums contenant des paroles crues. Le fameux "PARENTAL ADVISORY" noir et blanc devint emblématique vers le milieu des années 1990.

La rage du rap (fin des années 1980, début des années 1990)

En 1990, le magazine Newsweek mit le hip-hop à la une avec le visage de Tone Loc surmonté d’un tonitruant "Rap Rage" en guise de titre. En diabolisant ouvertement les rappeurs et en saquant un genre qualifié de "pompeux, auto-glorificateur et néanmoins aussi effrayant qu’un soudain bruit de pas dans le noir" l’article de Jerry Adler était tout sauf un modèle de nuance. Adler y raille une musique "si post-industrielle qu’elle n’est quasiment même pas jouée" et résumée comme "la culture du mâle américain stoppée à différents stades de l’adolescence".
Il n’est pas étonnant que les débuts du hip-hop, avec ses beats agressifs et ses rimes fièrement revendicatrices de la cause noire, aient enragé les gardiens de la culture (essentiellement blancs). Comme l’écrit Kelefa Sanneh en 2007 dans le New York Times : "L’histoire du hip-hop, c’est en partie l’histoire de ceux que le hip-hop a irrités, voire horrifiés." Mais dès le début des années 1990, l’irritation s’était mue en véritable panique morale. Le FBI commença par s’attaquer à N.W.A. L’administration Bush prit position contre "Cop Killer" (dont il sera question plus bas). 2 Live Crew se retrouva empêtré dans une interminable bataille juridique autour d’un dispositif de lois sur l’obscénité, au point qu’un disquaire de l’Alabama se vit assigner en justice pour avoir vendu un exemplaire de leur album en 1988. L’auteur Colin Harrison souligne dans son ouvrage American Culture in the 1990s que le spectre du rap en tant que menace était centré sur le gangsta, ce qui, géographiquement, fit porter le rap au-delà de ses racines new-yorkaises.
Vingt-cinq ans plus tard, pourtant, l’hystérie anti-rap parait aussi surréaliste que malavisée. C’est que le rap, aujourd’hui, n’est plus une menace pour la culture populaire. Et pour cause – il en fait partie intégrante.
Cop Killer (1992)
Bien que l’année 1992 marqua les premiers beaux jours commerciaux du hip-hop – The Predator d’Ice Cube, The Chronic de Dr. Dre et Check Your Head des Beastie Boys figuraient alors tous les trois en tête de classement – Ice-T délaissa le gangsta rap au profit de son groupe de métal Body Count. Et malgré cinq albums en l’espace de vingt-deux ans, le groupe reste surtout dans les mémoires pour un titre sorti en 1992 : "Cop Killer". Comme son titre l’indique, le morceau ne fait pas dans la dentelle. Sur fond de guitares abrasives ponctuées de coups de feu et de "Fuck the police", Ice y exprime son désir de venger le récent passage à tabac de Rodney King à Los Angeles : Die, die, die ! Pig, die !
Dire que "Cop Killer" fit polémique, c’est comme expliquer que Donald Trump est prolixe – un euphémisme absurde qui reste loin de la réalité. "Cop Killer" scandalisa le grand public avec son récit à la première personne d’un acte de vengeance perpétré contre la violence policière à l’aide d’un masque de ski noir et d’un "couteau bien long". Le titre fut condamné par le président d’alors, George Bush père, exposa le label de Body Count à des menaces de mort et incita plusieurs associations de forces de l’ordre à exiger de la Warner qu’elle retire le disque des rayons. (Le regroupement des associations de police du Texas poussa plus loin, en appelant au boycott de tous les produits Warner.) Finalement, Ice-T céda au scandale et ressortit l’album, sans "Cop Killer".
Body Count - Cop Killer

Le mémo musical post-11 septembre (2001)

Les attentats du 11 septembre ont inspiré beaucoup de musique sombre au début des années 2000 ("Undivided" de Bon Jovi, l’album The Rising de Bruce Springsteen). Mais ils ont aussi donné lieu à de nouveaux critères de sensibilité, souvent arbitraires, au sein de l’industrie musicale. Dans le sillage de la terreur, le goût du divertissement semblait plus fragile que jamais. En témoignèrent alors de fréquentes préoccupations sur la question des pochettes et couvertures d’album : Jimmy Eat World fit précipitamment ressortir son tout récent Bleed American, au titre prémonitoire, sous le titre Jimmy Eat World, les Strokes amputèrent Is This It de "New York City Cops" et 30 Seconds to Mars revint judicieusement sur une pochette représentant un pilote éjecté d’un avion en perdition.
Clear Channel, géant multinational des ondes radio, alla encore plus loin. Alors que décombres étaient encore frais sur le site de Ground Zero, l’entreprise distribua une liste, baptisée le "mémorandum de Clear Channel", de cent soixante-cinq chansons "aux paroles douteuses" que les antennes radio seraient invitées (mais sans obligation) à éviter. Si la liste cueillait certains titres plus ou moins compréhensibles, comme "Blow Up the Outside World" de Soundgarden, elle incluait aussi des choix tout à fait inexplicables, variant de "Peace Train" de Cat Stevens à "Ob-La-Di, Ob-La-Da" des Beatles (l’ensemble de la discographie rebelle de Rage Against the Machine était, là aussi, hors limites).
Certains, comme Peter Asher (du duo Peter and Gordon) se sont étonnés de voir leurs morceaux figurer sur cette liste. "Je veux bien admettre qu’une chanson dans laquelle il est question de 'tomber en morceaux' puisse contrarier quelqu’un qui la prendrait au sens propre" explique Asher au New York Times à propos du titre "I Go to Pieces", qui s’est retrouvé sur la liste. "Mais [les paroles de ce titre] prônent l’amour et ont toute leur place dans le contexte actuel."
Beyoncé - Formation (Explicit)

Bisbille contre miss B (2016)

Difficile à dire si la grande hostilité anti-Beyoncé de début 2016 peut être qualifiée de "mouvement", quelle qu’en soit la définition qu’on en donne, ou s’il ne s’agit que d’une poignée de fanfarons qui s’amusent à cracher du vitriol en ligne. Quoi qu’il en soit, cette étrange bagarre a bien occupé l’attention des médias et de l’opinion pendant une brève période, début février, avant de s’évaporer dans une flambée d’amour pro-Beyoncé. Puis il a fallu que Piers Morgan remette l’affaire sur le tapis, après la sortie surprise de son album visuel, Lemonade.
La polémique avait d’abord éclaté avec "Formation", l’hymne très politique que Beyoncé avait interprété à la surprise générale le soir de sa prestation au Super Bowl 50. Les images accompagnaient le titre faisaient ouvertement allusion à la violence policière et affichaient, en typo graffiti, les mots "Stop shooting us". Comme "Cop Killer" une vingtaine d’années plus tôt, le spectacle est resté en travers de la gorge des associations de forces de l’ordre. Mais contrairement à "Cop Killer", "Formation" n’incitait en rien à la violence contre la police.
Quand bien même. Les agences de police ont boycotté miss Bey, qualifiant sa musique de résolument "anti-police". Certains flics ont refusé d’assister à la prestation du Superbowl. L’ancien maire de New York, Rudy Giuliani, l’a descendue en flammes pour s’être servie de sa tribune pour "s’en prendre à des officiers de police". Puis le soufflet est retombé avec un "rassemblement anti-Beyoncé" devant le bâtiment de la NFL. Les détracteurs étaient... deux.
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