Jamais la face nord-est du K1 n'a été gravie
© Andreas Gradl/Red Bull Content Pool
Escalade

L'ascension la plus difficile du monde: Masherbrum

David Lama sur l'un des derniers grands itinéraires encore vierges, la face nord-est du Masherbrum.
Écrit par Josh Sampiero
Temps de lecture estimé : 5 minutesPublished on
David Lama n'est le genre de type à se contenter des choses faciles c’est plutôt l’inverse, l’escalade de la face nord-est du Masherbrum représente un formidable défi. C'est l'une des rares routes de l'Himalaya qui n'a jamais été vraiment tentée, seules deux tentatives ont été faite. Et même si Lama et ses partenaires Peter Ortner et Hansjörg Auer y ont passé 6 semaines le printemps dernier, ça reste un itinéraire quasiment vierge. Davis Lama nous parle des spécificités de son itinéraire.
David Lama et son équipe en camion dans la montagne

Rejoindre le Masherbrum est déjà une expédition

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Le Masherbrum n'est pas l'Everest, c'est même beaucoup plus difficile.
C'est l'une des montagnes les plus rarement grimpée dans le monde. Le sommet possède la même altitude et la même exposition que l'Everest, mais il demande beaucoup plus de compétences techniques pour y arriver. Il n’y a eu que 15 expéditions réussies jusqu’au sommet en 75 ans.
Et aucune tentative n'a été réussie par la face Nord-Est.
Seuls deux groupes ont voulu essayer la face nord-est avant nous, un groupe d’Américains et un groupe d'Europe de l’Est. Ils ne sont pas allés très loin, donc il n'y a pratiquement aucune information pour nous aider à planifier notre ascension.
David Lama et Peter Ortner préparent leur matériel d'alpinisme

David Lama et Peter Ortner en pleine préparation

© Andreas Gradl/Red Bull Content Pool

Et que savez vous de cet itinéraire ...
C'est l'une des voies les plus difficiles qui n’a jamais été grimpée dans le monde, c’est un peu comme l'escalade de l'Eiger, avec le Cerro Torre au dessus. Ça se passe à haute altitude, à partir d'un 4800 m et avec un sommet à 7821 m. Comparé au Cerro Torre, c’est deux fois plus gros, et deux fois plus élevé. C’est une voie beaucoup plus complexe, vous êtes sur la paroi beaucoup plus longtemps, et la descente est beaucoup plus difficile, et puisque personne n'a essayé, il n'y a pas d’information disponibles sur les erreurs à éviter. Et il ne faut pas oublier l’isolement, le camp de base étant à quatre ou cinq jours du prochain village.
David Lama en portrait.

David Lama au camp de base

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Vous avez passé pas mal de temps au camp de base.
Oui, le temps était mauvais pendant une grande partie du voyage, on a donc passé beaucoup de temps au le camp de base. C'est pour ça que j'avais une chaise attachée à mon dos en montant, quand vous passez beaucoup de temps assis, c’est mieux d’avoir quelque chose s’asseoir dessus!
David Lama, Peter Ortner et Hansjörg Auer

David Lama, Peter Ortner et Hansjörg Auer

© Manuel Ferrigato/Red Bull Content Pool

Combien de temps pensez-vous qu'il faudra? Jusque où êtes-vous allé ?
Je pense qu'il faut environ cinq ou six jours pour monter. Nous ne sommes allé qu’à 400m au dessus du camp de base. Quand les conditions météo étaient bonnes, il faisait tellement chaud que la neige commençait à devenir trop molle pour pouvoir se déplacer, ce qui nous a ralenti considérablement, et la seule manière d’y arriver c’était d’y aller léger et vite. C’est un passage plus facile que l'escalade qui nous attend au-dessus, mais il y a beaucoup de danger à éviter, les chutes de séracs, les cascades de glace, les chutes de pierres et les avalanches.
Ça veut dire quoi léger exactement ?
Nous voulons marcher avec le moins de poids possible, entre 10 à 13 kg par personne, y compris le câble et notre protection.
Pas plus de détails au sujet de la montée?
La section du milieu semble assez vide, donc il faudra sans doute grimper sur de la glace. Ensuite la paroi de tête commence à 7000 m, et ça doit être l’une des parois les plus élevées et les plus difficiles au monde. C'est un mélange d'escalade et de haute altitude.
David Lama prépare son équipement

David Lama prépare son équipement

© Manuel Ferrigato/Red Bull Content Pool

Que s’est-il passé quand vous avez commencé à vous grimper au dessus du camp de base ?
Nous avons commencé à grimper avec des avalanches descendant des deux côtés. Nous avancions lentement dans la neige molle, et il n'y avait aucune chance de pouvoir continuer jusqu’au sommet comme prévu. Nous risquions notre vie en allant plus haut, donc nous avons décidé de descendre.
Une décision difficile?
Bien sûr, c’est difficile de décider de ne pas monter. C’est un investissement tellement important en temps et en énergie que c’est difficile de renoncer. Ça nous a pris 6 semaines rien que pour arriver là-bas et nous acclimater, et le fait de ne même pas pouvoir tenter de grimper au sommet est décevant. Mais c'était la seule décision possible.
David Lama slackline sur la route du Masherbrum.

David Lama au camp de base

© Manuel Ferrigato/Red Bull Content Pool

Vous êtes de retour alors ?
Ces voyages exigent beaucoup de motivation et de temps. L'année prochaine, après trois ans au Pakistan, c’est le moment de viser quelque chose de moins haut qui ne va pas prendre 2 mois et demi pour monter! Lors des trois dernières années, nous sommes parti au Pakistan dès la fin d’un hiver à faire du ski et de la cascade de glace, et nous sommes allés directement au Pakistan ou en Argentine. Il est temps de quitter les polaires et de passer un t-shirt !
Qu’est que l’on peut trouver de plus sur cette montagne sur google ?
Rien. On ne peut pas. Il n'y a pas de nom pour cette partie de la montée, il n'y a pas voie tracée... c'est une zone totalement vierge. C'est ce qui rend cette expédition aussi intéressante.
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