Jeux vidéo et rappeurs : De 50 Cent à Travis Scott en passant par Mister V, Booba et Rohff, découvrez notre guide des meilleures collaborations  !
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Les rappeurs dans les jeux vidéo

Un guide des meilleures collaborations entre jeux vidéo et rappeurs, de 50 Cent à Travis Scott en passant par Mister V, Booba et Rohff.
Écrit par Genono
Temps de lecture estimé : 11 minutesPublished on
Décriés par des parents inquiets pour la mauvaise influence qu’ils exerceraient sur les plus jeunes, accusés de tous les maux par les politiciens, avant de devenir une manne essentielle pour l’industrie du divertissement et de cibler autant les quarantenaires que les préadolescents : jeux vidéo et musique rap partagent dans les grandes lignes le même type d’évolution. Les rappeurs sont d'ailleurs de grands amateurs de consoles de jeu, et la présence de FIFA ou NBA 2K dans les studios d'enregistrement n'est pas étrangère aux retards de sorties d’albums. À l'inverse, les éditeurs n'hésitent plus à s'associer aux rappeurs, que ce soit pour assurer la promo de leurs nouvelles sorties ou en les intégrant carrément dans leurs jeux. Récemment, on a ainsi vu Travis Scott en concert sur Fortnite, Alonzo sur GTA, ou encore Mister V modélisé dans NBA 2K. Avant eux, Booba, Rohff, 50 Cent et Joeystarr s'étaient déjà prêtés à l'exercice. Petite séance de rattrapage.

Rohff sauve Tony dans Scarface

Réellement obnubilé par Scarface depuis ses débuts, Rohff a parsemé sa discographie de références au film de Brian de Palma, aussi bien dans ses lyrics (au hasard, « L'oseille de Tony n'a pas épanoui la schneck d’Elvira ») qu’en insérant des extraits en VF du film, mais aussi en se lançant parfois entre les morceaux dans de véritables monologues avec un accent cubain et des expressions empruntées à Tony Montana. Signe que ce n’était pas qu’une obsession de jeunesse, Rohff a rejoué à Tony il y a peu lors de son battle avec DJ First Mike, lâchant régulièrement des « on vous remet ça » avec le « r » roulé, en référence directe aux dialogues du film.
Pas difficile, donc, d’imaginer à quel point le rappeur a dû se sentir honoré lorsqu’il a été contacté pour participer à la promotion du jeu vidéo Scarface sur Playstation 2 en 2006. Outre le fait que sa voix apparaisse (brièvement) dans la dernière mission du jeu, le rappeur a surtout écrit un titre pour la bande originale, clippé en images de synthèse. Dans cette vidéo, Rohff vient prêter main forte à Tony Montana, et le sauve... de la mort. Rien que ça !

Alonzo donne un concert caritatif à Los Santos

C’est une opération que les plus de 25 ans n’ont certainement pas compris : un concert dans un jeu vidéo. Face au confinement et à l’impossibilité de se produire sur scène, il a bien fallu s’adapter et tenter des choses nouvelles. Alonzo s’est donc produit en live sur GTA V, en direct de Los Santos. S’il n’était pas visible directement dans le jeu, le concert a été diffusé sur Twitch, atteignant des pointes à 9 000 spectateurs, soit plus que la capacité d’accueil d’une grande salle comme le Zénith de Paris.
Plutôt classique dans la forme, avec pour seule différence avec un véritable concert la modélisation du rappeur, du décor et du public, le show, diffusé entre autres pour promouvoir la sortie du EP « Pack de 6 », a été vécu comme une expérience positive par Alonzo et son équipe. Cerise sur le gâteau, tous les bénéfices ont été reversés à la Fondation de Marseille, à qui Alonzo avait déjà fait don de 30 000 euros de sa poche quelques jours plus tôt. Comme quoi, un jeu basé sur le braquage de banques, de fourgons, et les tueries de masse, peut donner le jour à de bonnes actions.

Travis Scott créé la surprise sur Fortnite en plein confinement

Cela restera sûrement comme l'un des évènements marquants du confinement : le show surprise de Travis Scott sur Fortnite. Bien qu’il ne s’agisse que d’un concert virtuel, l’Américain a mis les moyens pour assurer le spectacle : un titre inédit, des effets visuels en tous genres, un avatar gigantesque, pas mal de merchandising (des tenues inédites, un planeur, des emotes), des décors qui évoluent selon l’ambiance (dans l’espace, sous l’eau, trip psychédélique, pluie de feu, etc).
L’opération a été un succès monstrueux, bien au delà des espérances du rappeur et d’Epic Games. D’abord, en réussissant à mettre sur pied un évènement mondial en plein confinement et, ensuite, en alignant des chiffres irréels : 12 millions de joueurs connectés en live, 46 millions cumulés sur l’ensemble du week-end.

Booba ambassadeur de Saints Row 2

Initialement présenté comme un concurrent direct à la série des GTA, Saints Row a progressivement misé au fil des épisodes sur la dimension loufoque de son univers. Dès le premier jeu sorti en 2006, une option retient particulièrement l'attention des joueurs : la possibilité de customiser son personnage avec coupe de cheveux, corpulence, tenue, et même des packs téléchargeables supplémentaires.
En France, pour toucher le jeune public, les services marketing de THQ s'associe à Booba et mettent en place un partenariat avec sa marque de vêtement Ünkut. Concrètement, il est alors possible d'arborer le U-tréma de la tête aux pieds dans le jeu. La collaboration sera renforcée avec la sortie de la suite en 2008. Au delà des tenues disponibles, Booba apparaît sur une série de visuels promotionnels et endosse un rôle d’ambassadeur auprès de certains médias spécialisés, répondant avec beaucoup de sérieux aux questions sur l’expérience de jeu. Booba aurait même pu enregistrer un titre inédit pour la bande originale de Saints Row 2, mais pris par l’enregistrement de l’album « 0.9 », l’idée sera finalement abandonnée.

50 Cent défouraille dans Bulletproof

Véritablement « bigger than rap » à l’apogée de sa carrière, 50 Cent a décliné son nom sur un nombre incalculable de produits et de concepts : films, casques audio, livres, vodka, déodorants, compléments alimentaires, restaurants, préservatifs… Le jeu vidéo ne manque pas à l’appel, puisqu’en 2005, 50 Cent : Bulletproof, jeu d’action dont le rappeur est le héros, débarque sur Playstation 2 et Xbox.
Ambiance guerre des gangs, Fifty cherche l’assassin de son ami K-Dog et s’apprête à affronter quelques milliers d’ennemis, armé jusqu’aux dents dans des scènes bourrines à souhait. Parmi les personnages non-jouables, on croise Dr Dre en vendeur d’armes, Eminem en flic corrompu (il faut avouer que l’idée est bonne), Lloyd Banks en serrurier, ou encore Tony Yayo en expert en explosifs. Bulletproof ne convainc pas la critique mais reste un bon souvenir pour grand nombre de joueurs. Il aura droit à un portage sur console portable et une suite sur la génération de consoles suivante, Blood on the Sand, bien plus réussi et, cette fois-ci, plutôt bien noté par la presse spécialisée.

Mister V bien tristoune dans NBA 2K

L’ascension de Mister V ces dernières années a tout d’un conte de fée : passé du statut de YouTubeur à celui de star du rap à la carrière cinématographique naissante, il a touché les étoiles en octobre 2019 lorsque son nom a été annoncé comme le « seul européen non basketteur à figurer dans NBA 2K ». Une véritable consécration pour l'influenceur, avant la douche froide : comme tous les personnages de guests, il ne sera disponible que sur sa propre version du jeu, et restera un personnage non-jouable pour tous les autres utilisateurs du jeu. Conséquence inattendue, une capture d’écran de son avatar est devenue depuis un meme utilisé pour représenter... une forte déception.
Bon joueur, Mister V a finalement bien pris la chose, et s’est même amusé devant les nombreux memes. La belle consolation pour lui, c’est surtout son apparition sur la bande originale officielle du jeu (et pas seulement la version française !) aux côtés de Drake, 2 Chainz et Idris Elba.

JoeyStarr prête sa voix à un militaire dans Titanfall 2

Il fut un temps où les dialogues dans les jeux vidéo consistaient uniquement en de longues lignes qui défilaient sur l’écran, sans le moindre son, et parfois, sans traduction française. Au fil des années, la situation s’est améliorée par petites touches, pour aboutir aujourd'hui à des productions véritablement cinématographiques. Comme pour les films d’animation, le choix de guests pour doubler les personnages est devenu un argument marketing à ne pas négliger : en France, JoeyStarr s’est par exemple retrouvé dans Titanfall 2.
Un choix étonnant, d’autant que le personnage à qui le rappeur prête sa voix est à l’opposée de sa personnalité : Kuben Blisk est en effet un mercenaire au style très militaire, quasiment martial. Il constitue l’un des principaux antagonistes de ce jeu de tir à la première personne, et profite des intonations menaçantes que Joey interprète avec beaucoup de conviction. Le rappeur-acteur a tout de même apprécié l’expérience, qui, selon lui, permet d'apprendre « beaucoup en termes d’acting ».

Les octogones de Def Jam

En 2003, un ovni débarque sur Playstation 2 et GameCube : Def Jam Vendetta, un fighting game assez classique dans la forme, mais qui se distingue par un concept très particulier. En lieu et place des Ryu (Street Fighter), Kuma (Tekken) ou Sub-Zero (Mortal Kombat), le joueur est invité à incarner des légendes du rap américain comme Scarface, Funkmaster Flex ou Ghostface Killah – et, spécificité de la version nippone du jeu, le rappeur japonais Dabo. Quelques personnages non-jouables font également leur apparition, grosse pensée au passage pour ceux qui se sont accrochés pour terminer le jeu et débloquer les photos de Christina Milian.
Malgré la dimension marketing du produit, le jeu est extrêmement bien accueilli par le public comme par la presse spécialisée, et aura droit à quelques suites et portages : Def Jam Fight for New-York (Ludacris, Busta Rhymes, Snoop Dogg), Dej Jam Icon (E-40, Big Bun, The Game), et peut-être une suite qui nous permettra de faire s’affronter Tekashi 6ix9ine et Chief Keef.

Busta Rhymes en catcheur en pâte-à-modeler dans Celebrity Deathmatch

Programme télévisé mythique produit entre 1998 et 2002 puis entre 2006 et 2007 par MTV, Celebrity Deathmatch voyait des célébrités en tous genres modélisées en pâte-à-modeler s’affronter dans des combats de catch parodiques. Mariah Carey, Charles Manson, The Game, William Shakespeare... tous se sont entretués au moyen de techniques souvent aussi spectaculaires qu’irréalistes : combattants littéralement avalés par leur adversaire, transpercés, écrasés par un bureau, explosés par un batteur électrique, etc.
Face au succès de l’émission, un film est envisagé en 2003, avant d’être annulé. En revanche, un jeu vidéo a bien vu le jour. Défavorablement accueilli par la critique, il s’appuie, comme le show télévisé, sur un casting XXL allant de Shannen Doherty au monstre de Frankenstein en passant par Mr T et Dennis Rodman. Parmi ces personnalités pour la plupart extravagantes, Busta Rhymes est le seul rappeur présent au casting. On regrette qu’il n’ait pas quelques coups spéciaux à son actif, comme par exemple le coup du bélier vu dans le clip de Break Ya Neck en 2001, qui aurait eu parfaitement sa place dans un jeu de combats.

NBA 2K et son panel de guests

Les liens entre NBA et rap existent depuis de nombreuses années, on se souvient par exemple des albums de Shaquille O’Neal ou Tony Parker, des nombreuses apparitions d’artistes dans les tribunes des gros matchs, ou plus récemment, des partenariats qui ont permis à certains comme Schoolboy Q ou Big Sean de designer des maillots des Lakers et des Pistons. Logiquement, la licence développée par Visual Concepts intègre chaque année des rappeurs parmi les personnages du jeu.
En 2020, on a eu droit à un beau panel de stars, avec la modélisation de Drake, Quavo, 21 Savage, Lil Pump, The Game ou encore Travis Scott. Grâce à des stats gonflées à bloc, certains se sont même amusés à les réunir dans un 5 majeur et à les faire affronter quelques-unes des meilleures équipes de la ligue. Une tentative payante, puisque, guidés par les tirs aux trois points de Drake, ceux-ci se sont imposés 4-0 en finale.

Jul installe la Zone dans Fortnite

En juin 2020, trois jours avant la publication de « La Machine », son vingtième projet officiel, le rappeur marseillais Jul s’est offert une petite opération promo à son image : trois maps Fortnite inédites conçues spécialement pour l’occasion. Entre décors extra-terrestres en référence aux fameux « ovnis » du rappeur, blind-tests, références à son prochain concert au Stade Vélodrome, ce petit évènement s’intègre avec beaucoup de cohérence dans la stratégie promotionnelle de l’album.
Grand amateur de jeux vidéo, puisqu’il cite au détour de ses textes les très populaires Call Of Duty, GTA ou le mode FUT de Fifa, Jul est à l’image de sa génération. Logique, donc qu’il cible Fortnite, l’un des jeux en ligne les plus plébiscités par le jeune public.