Kayak
Le Verdon secret de Nouria Newman
Dans son dernier projet, la kayakiste de l'extrême Nouria Newman nous plonge dans les entrailles inconnues des gorges du Verdon.
En été, quand certains s'amassent dans les embouteillages - même sur l’eau - d’autres préfèrent emprunter des chemins plus secrets. Pour ça, Nouria Newman, est très douée.
Puisque la crise sanitaire a bouleversé ses projets à l’étranger, la kayakiste de l’extrême de 29 ans s’est résolue à en imaginer d’autres, chez elle, en France.
« Avec le confinement, il a fallu se réorienter sur des projets locaux, et j’avais les gorges du Verdon en tête depuis deux ans », raconte-t-elle. « C’est un endroit que je ne connaissais pas très bien, j’y suis allée une fois quand j’avais 13 ans, donc j’en avais des souvenirs grandioses mais c’était assez flou. En y retournant l’année dernière, je me suis rendue compte que c’était toujours aussi fou. Je me suis aussi aperçue que le canyon n’avait jamais été vraiment filmé de l’intérieur. »
Dans le coeur du Verdon
© Ciaran Heurteau
L’idée d’un nouveau défi prend forme : faire découvrir les 25 kilomètres de cette portion quasi-inconnue du Verdon (sauf pour une poignée de kayakistes téméraires), située juste en amont du lac de Sainte-Croix.
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Prête pour le grand saut
© Ciaran Heurteau
Styx, Imbut, Rideau…
Si cette section des gorges ne comporte pas de rapides impressionnants, elle reste très technique et truffée de siphons. « Un siphon, c’est quand l’eau se fait aspirer, dans un tunnel, sous la roche, ou sous les blocs. C’est ce qui fait que les gorges sont dangereuses. Si tu tombes de ton kayak, il y a un risque que ça t’aspire sous l’eau. Ça nécessite une vigilance de tous les instants et d’être extrêmement précis sur ses trajectoires », explique Nouria Newman.
"Une vigilance de tous les instants"
© Ciaran Heurteau
En parallèle, on trouve à cet endroit trois rapides qui amènent les kayakistes à remettre en cause leurs principes fondamentaux. Trois rapides aux noms évocateurs : le Styx - un des fleuves des Enfers dans la mythologie grecque, l’Imbut - entonnoir en provençal - et le Rideau où la rivière s’engouffre dans un minuscule couloir entre deux falaises.
Nouria Newman en kayak dans les entrailles des gorges du Verdon
© Ciaran Heurteau
« Ces rapides ont la particularité de venir s’enfoncer dans des tunnels ou dans des gouttières. Et ce qu’on t’apprend dans le kayak depuis toujours, c’est que si la rivière se rétrécit, que ça devient engorgé, donc que tu n’as plus forcément de point de sortie à pied, il ne faut pas s’y engager. C’est comme si il y avait un énorme panneau « Danger » juste devant ces passages, ça va à l’encontre du bon sens d’y aller .»
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« Le risque zéro n’existe pas »
Mais Nouria Newman sait lire la rivière comme personne. « Évidemment, tu ne te lances pas comme ça, tu mets en place des solutions de repli pour que ça soit fait en toute sécurité. Alors oui, il y a un risque, parce le risque zéro n’existe pas, mais dans cette gestion du risque, il faut aussi savoir différencier les conséquences et les probabilités. Là, tu as 99,99% de chances de ne pas te rater. »
Pas sûr que les foules de touristes à pédalo naviguant sur la partie encombrée de la rivière viennent s’y aventurer pour autant… Et c’est tant mieux.
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