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F1

Quatre roues (et seize hommes) en l'air

En bouclant un pit stop en apesanteur sur une F1 volante, Aston Martin Red Bull Racing a prouvé qu'avec du talent, on pouvait bosser sans gravité. Récit à 10 000 mètres d'altitude.
Écrit par Red Bull France
Temps de lecture estimé : 4 minutesPublished on
Pierre Gasly à Silverstone en 1,91 seconde, Max Verstappen à Hockenheim en 1,88 seconde, puis de nouveau Max la Menace au Brésil en 1,82 seconde : l’écurie de F1Aston Martin Red Bull Racing a battu trois fois le record du monde de l'arrêt au stand le plus rapide cette saison et n’avait donc plus rien à prouver dans ce domaine. En tout cas sur Terre.
Patronne du game sur les pistes, cette team d’élite a décidé de les quitter pour se lancer un nouveau défi, ou plutôt une folie sans précédent : réussir un pit stop en apesanteur, à 10 000 mètres d’altitude. 16 membres de l’écurie ont ainsi mis le cap sur la Cité des Étoiles et préparé le terrain avec l’agence russe Roscosmos au centre d’entraînement Youri Gagarine. Ils ont ensuite logé une RB1 (la voiture de 2005, plus légère et étroite que la monoplace actuelle) dans les entrailles d’un avion utilisé pour la préparation des cosmonautes : l’Ilyushin Il-76 MDK.
Spécialement aménagé pour l’occasion, l’engin a effectué 7 vols et 80 paraboles. Soit des courbes faites d’une montée à 45 degrés et d’un piqué brutal au cours duquel tout le monde flotte pendant 22 secondes. Les hommes, les objets, et même les Formule 1.
Pour les bricoleurs de l'extrême, le programme était à la fois clair et terrifiant : encaisser 2G dans la face avec les pieds rivés au plafond pour certains, puis retourner la F1 pendant la chute libre, boucler le pit stop et atterrir sans se faire écraser par la monoplace avant la fin de la période d’apesanteur. Une expérience d’un autre monde pour Paul Knight, membre de la team : « La première parabole était tellement bizarre…Rien ne peut vous préparer à ça. Nos instructeurs chez Roscosmos nous ont juste dit de serrer les dents et de nous habituer au truc. »

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Dans les coulisses d'un pit stop en apesanteur

Découvrez comment Aston Martin Red Bull Racing a réussi son pit-stop sans gravité.

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Même son de cloche chez Joe Robinson, ingénieur en chef sur le projet : « Vous réalisez vraiment à quel point vous dépendez de la gravité quand elle disparaît […] Au début, on était vraiment comme des petits Bambi sur la glace, avec les jambes dans tous les sens. […] Le simple fait de serrer un écrou devient soudainement un défi d’une difficulté folle. Et bien sûr, tout ne s’est pas passé comme sur des roulettes. L’un de nos gars est rentré dans l’aileron avant de la voiture la tête la première, et ça a provoqué pas mal de dégâts. Les mecs ont beaucoup rigolé, de retour à l’usine, quand je leur ai dit que c’était à cause d’un coup de boule de cosmonaute. »
Particulièrement compliqué pour des techniciens habitués à bosser sur le plancher des vaches, ce pit stop a également posé quelques difficultés à l’équipe de tournage. Andreas Bruns, réalisateur de la vidéo, s’était pourtant préparé en enchaînant les montagnes russes avec ses neveux, mais ça n’a évidemment pas suffi : « Nous avions environ 25 prises à faire en 70 paraboles. On a essayé de tout préparer le plus méticuleusement du monde, mais l’apesanteur vous surprend toujours. Et comme nous n’avions que 2 à 5 minutes entre chaque parabole pour se préparer, on a donc dû trouver des solutions hyper-rapides à tous les problèmes qu’elle nous posait. »
Quels problèmes ? Le fait, par exemple, de devoir sécuriser les hommes, l’équipement et la voiture avant et après chaque parabole. Parce que personne ne veut se prendre une Formule 1 volante sur le visage. Casque ou pas.
« Entre un slalom avec la voiture à Kitzbühel et un trip sur les lacs salés argentins, j’ai fait des tas de choses très spéciales » explique le coordinateur Mark Willis. « Mais c’est de loin la plus étrange. C’est une expérience absolument incomparable aux autres. » Incomparable, certes, mais pas déplaisante, à en croire Andreas Bruns, prêt à aller plus loin encore : « C’est quoi la suite ? On va sur la lune ou quoi ? »