Les parachutistes des Soul Flyers Fred Fugen et Vincent Reffet réalisent un saut en parachute lors d'une séance d'entraînement en Autriche.
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Parachutisme

Mais que se passe-t-il dans le corps des parachutistes ?

Adrénaline, hypoxie, rétrécissement du champ visuel : deux spécialistes (dont un Soul Flyer) nous parlent de ce qu'encaisse le métabolisme des parachutistes quand ils se jettent dans le vide.
Écrit par Red Bull France
Temps de lecture estimé : 4 minutesPublished on
Le saut en parachute est une discipline à double tranchant : elle vous fascine ou vous terrifie. Si tout le monde ou presque peut s'y essayer, il faut savoir que les chocs physiques seront au rendez-vous. Le Docteur en physiologie des environnements extrêmes Fabrice Joulia et le Soul Flyer et parachutiste professionnel Fred Fugen nous expliquent lesquels, du décollage à l'atterrissage.

Décollage : attention au manque d'oxygène

"Lorsqu’on monte en altitude, le premier choc auquel le métabolisme fait face, c’est la vitesse de montée", explique Fabrice Joulia. Puisque l'avion dans lequel embarquent les parachutistes n'est pas dépressurisé, comme le sont les avions de ligne, par exemple, "il faut prendre soin de monter en altitude progressivement afin que la quantité d’oxygène qui se trouve dans le sang s’adapte à l'atmosphère ambiant et donc au manque d'oxygène", poursuit-il. "Si elle est trop rapide, les parachutistes risquent l'hypoxie (un apport insuffisant en oxygène ndlr.)" Conséquence directe de ce manque d'oxygène : le coeur se met à battre plus vite afin de faire circuler le sang, et donc l'oxygène, dans les organes vitaux.
Principal risque encouru par les parachutistes en haute altitude : l'hypoxie

Prêts pour le grand saut

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Si cette sensibilité à l’hypoxie dépend de chaque individu et qu'elle peut être simulée au sol, de manière à ce que le corps mette en place des mécanismes d’adaptation pour lutter contre ce phénomène, "il faut y faire extrêmement attention, parce qu'il peut arriver sans qu’on s’en rende compte". Ses symptômes, eux, peuvent être multiples : réflexes diminués, altération des prise de décision et des fonctions cognitives. Dur.

Le saut : quand la vision (et le temps) se déforment

Une altération des fonctions cognitives, c'est exactement ce qui est arrivé à Fred Fugen lors de son premier saut, selon Fabrice Joulia. "Quand j’ai fait mon premier saut, et je m’en rappelle très bien, c’était comme si je n’avais plus qu’un tout petit tunnel de champ de vision devant moi, tout était noir autour," raconte le parachutiste. "Avec l’habitude et avec la pratique, ce rétrécissement est devenu de moins en moins important et a fini par disparaître."
Une autre chose dont se souvient Fred Fugen, c'est la sensation de ralentissement du temps. "En une seconde, tu es capable d’analyser plein de choses. Le temps se déforme et chaque seconde est vécue intensément. Tu as l’impression d’être au ralenti alors que paradoxalement, tu es en pleine vitesse", se souvient-il. Un phénomène lié à la décharge d'adrénaline subie au moment du saut.
Les parachutistes des Soul Flyers Fred Fugen et Vincent Reffet réalisent un saut en parachute en s'élançant d'un avion lors d'une séance d'entraînement en Autriche.

Les Soul Flyers s'élancent

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Comment (vraiment) devenir Superman

"L’adrénaline que ressentent les parachutistes, et que recherchent une bonne partie des athlètes de sports extrêmes, provoque une augmentation de la taille de la pupille, augmente la vigilance, la force physique, et le temps de réaction", explique Fabrice Joulia. "Pourquoi ? Tout simplement parce qu’on est dans une situation de stress et que toutes les fonctions cognitives sont concentrées vers cette situation de manière à s’en échapper le plus rapidement possible. Quand on met notre corps dans une situation extrême et de stress, tous les sens sont exacerbés." Et vous devenez, littéralement, un surhomme ou une surfemme.

Ouverture du parachute et atterrissage : alerte traumatismes

Quand les parachutistes déploient leur voile, ils passent d'une vitesse de chute d'environ 200 à 30 km/h en l'espace de quelques secondes. Un choc qui n'est pas sans conséquence. "Aujourd’hui, ça arrive de moins en moins avec l’évolution du matériel mais il m’est souvent arrivé de prendre des gros chocs au niveau des cervicales au moment où on perd 170 km/h en quelques secondes", confirme Fred Fugen.
"Depuis quelques années, des manoeuvres sont donc proposées aux parachutistes afin qu’ils trouvent la bonne position au moment du déploiement de leur parachute et que cette décélération ne provoque pas de traumatismes relativement importants à terme", poursuit Fabrice Joulia.
Les Soul Flyers Fred Fugen et Vincent Reffet atterrissent après un saut en parachute à proximité du Mont-Blanc.

Retour sur la terre ferme

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Un problème multiplié par deux au moment de l'atterrissage. "À cet instant, plusieurs facteurs vont entrer en jeu comme la vitesse du vent qui peut créer une vitesse d’atterrissage plus importante ou le poids de l’équipement qui peut être un facteur aggravant et qui peut provoquer des traumatismes, notamment au niveau des membres inférieurs."
Alors pour limiter au maximum les dégâts, "on conseille généralement aux parachutistes professionnels de faire du renforcement musculaire", explique Fred Fugen. On vous rassure, vous ne serez pas obligé de prendre un abonnement à la salle si vos potes vous offraient un jour un saut en parachute.
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