Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas ! En ce 11 juillet 1999, le sort s’acharne contre Michael Schumacher. Certes, avant ce Grand-Prix de Grande-Bretagne, l’Allemand est au coude-à-coude avec le tenant du titre, Mika Häkkinen (2 victoires à 3, 32 pts contre 40 pts) mais la McLaren Mercedes semble bien plus fringante que la Ferrari. La veille, le Finlandais a signé sa 6e pole position, obligeant l’Allemand à s’élancer du côté sale de la piste de Silverstone, la Mecque de la F1 depuis les débuts de la discipline et le circuit « à domicile » de l’écurie britannique. À l’extinction des feux, le « Baron rouge » prend le bouillon. Il ne tient pas le rythme face à Mika Häkkinen et se fait dépasser avant le premier virage par David Coulthard et Eddie Irvine, son coéquipier.
Un impact à plus de 300 km/h
Dans son baquet, Schumacher fulmine et enrage. La force de caractère de la légende est aussi visible dans ses moments : l’Allemand n’envisage que la victoire. Alors, il attaque. Le double champion du monde (1994, 1995) se positionne dans les échappements d’Irvine et tente de trouver l’ouverture. Dans la 2e ligne droite, Schumacher déborde, lancé à plus de 300 km/h. Et là, stupeur. La Ferrari ne parvient pas à prendre la courbe et file tout droit. La monoplace fonce sur les graviers et finit par s’écraser violemment contre les murs de pneus. Des centaines d’éléments de carbone volent en éclat. Un frisson parcourt Silverstone et des millions de téléspectateurs sont sous le choc. Le caméraman qui filmait la séquence a lui aussi été surpris : il a manqué le début de la sortie de piste du pilote Ferrari.
Quelques secondes après l’impact, Schumacher tente de s’extraire du véhicule. En vain. Son bilan médical ne sera communiqué que quelques heures plus tard : le Kaiser souffre d’une double fracture tibia-péroné de la jambe droite. Le ralenti de l’accident tourne en boucle et les questions se bousculent. Comment expliquer une telle défaillance des freins ? Pourquoi Schumacher n’a pas vu le drapeau rouge, synonyme d’arrêt de la course alors que deux monoplaces étaient bloquées sur la grille ? Comment la saison pourra se poursuivre sans son protagoniste principal, ce champion que l’on adule ou que l’on déteste mais qui ne laisse jamais indifférent ?
« Mon cœur a arrêté de battre »
Le paddock doit apprendre à vivre sans lui. Pendant six Grands Prix. La rééducation est longue et loin des circuits. Mika Häkkinen n’a plus qu’un rival, Eddy Irvine. En octobre, soit quatre mois après son accident, Schumacher revient enfin. Il contribue à faire gagner son coéquipier dans une course rudement menée en Malaisie. Lors de l’ultime Grand Prix de la saison, au Japon, c’est finalement le pilote McLaren-Mercedes qui s’impose et conserve sa couronne mondiale. Mais Schumacher est revenu à son meilleur niveau. Il offre ainsi à Ferrari son premier titre de champion du monde des constructeurs depuis 1953. C’est une nouvelle ère qui s’ouvre : celle de la consécration de la Scuderia et du règne sans partage de son pilote iconique. Les cinq années suivantes, Mickael Schumacher va enchaîner les victoires et les titres de champion, et construire pas à pas sa légende.
L’histoire est en marche et l’accident vite oublié chez les fans, les proches du pilote et les membres de l’écurie. Pourtant, Schumacher a changé. Principalement parce qu’à Silverstone, il a frôlé la mort. Le champion le reconnaît dix ans plus tard dans une interview pour la chaîne allemande ZDF : « d’un coup, mon cœur a cessé de battre complètement, tout est devenu noir. Je ne sais pas combien de temps j’étais parti (…) mais je sais juste que mon cœur a arrêté de battre. » En décembre 2013, c’est un autre accident qui bouscule son destin, sur les pistes de ski de Méribel. Un drame surmédiatisé dont l’issue est encore inconnue : le champion, qui ne pourrait ni marcher ni se tenir debout, en porte encore de graves séquelles.
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