C'est fait. Kauli Vaast fera partie de l'equipe de France pour les Jeux olympiques qui se dérouleront chez lui à Tahiti, en 2024. L'occasion de revenir sur l'histoire de la vague la plus mythique de l'île polynésienne.
Cette vague, Teahupo'o (à prononcer Chop-pu), est l'une des plus importantes au monde. Niché au sud-ouest du plus petit volcan de Tahiti, Tahiti Iti, Teahupo'o est un petit village tranquille qui a su conserver une grande partie de sa culture autochtone.
Il y a des centaines, voire des milliers d'années, de l'eau douce s'est écoulée des montagnes situées juste derrière ce village et a érodé le récif, créant petit à petit ce que l'on appelle aujourd'hui Passe Havea, un lieu où la route s'arrête et où les chemins de terre commencent.
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Filmers@Large: Teahupoo
Après les photos, on a la vidéo du plus gros swell à Teahupo'o depuis des années. Frissons garantis.
Cette vague monstrueuse se forme lorsque la houle de l'océan se courbe et longe le récif. Une vague d'une telle puissance que les surfeurs doivent la prendre en évitant d'être projetés.
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Aux prémicees de Teahupo'o
Jusqu'à la fin des années 1900, les habitants de Teahupo'o observaient ce monstre se former devant chez eux chaque année, mais personne ne pensait alors à essayer de la surfer.
En 1985, les choses ont pourtant changé lorsque le Tahitien Thierry Vernaudon et d'autres locaux ont eu l'idée (folle) de se jeter à l'eau pour tenter de la surfer pour la toute première fois. La vague - qui terrifie aujourd'hui les surfeurs du monde entier - était alors loin de ressembler à celle que nous connaissons, mais le cap était franchi.
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Chasing the Shot – Leroy Bellet
Suivez le photographe Leroy Bellet dans sa quête de la photographie parfaite d'un tube en surf
L'année suivante, les bodyboarders Mike Stewart et Ben Severson ont été les premiers à montrer tout le potentiel de Teahupo'o. Par le bouche-à-oreille, la vague est alors devenue le point de de rendez-vous du monde underground du bodyboard.
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Les pros à Teahupo'o
Ce n'est qu'en 1997 que Teahupo'o est devenue célèbre dans le monde entier. Jusqu'à cette année, la communauté du surf n'avait eu connaissance de cette vague que par quelques images. Jusqu'à ce que l'ASP World Tour décide de se rendre à Tahiti.
"Nous sommes venus pour la première fois en 1997 pour y organiser un contest", se mémore Steve Robertson, ex responsable de l'ASP. "Ça a été un désastre. Les vagues étaient horribles, tout comme les conditions météo, d'ailleurs. On se déplaçait avec un grand ferry, lorsque le vent a radicalement changé au milieu de la journée, le ferry a été projeté sur le récif, causant des milliers de dollars de dégâts. En plein milieu de l'événement, les organisateurs nous ont lâchés parce qu'ils n'avaient plus d'argent".
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Une saison de tubes sublimes à Teahupo'o
Retrouvez en vidéo, les sessions de surf sur la vague mythique de Teahupo'o à Tahiti des riders Matahi Drollet, Tereva David, Enrique Ariitu, Kalani David et Dege O'Connell capturé par Ryan Moss.
Désemparés, Robertson et le reste de l'équipe de l'ASP ont dû mettre la main au portefeuille. "C'était une expérience terrible, on a décidé de ne plus revenir", se souvient-il.
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Une seconde chance
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5 pits parfaits à Teahupoo
Les meilleurs moments d'une session échauffement au Tahiti Pro.
Plus tard, le gouvernement tahitien a eappelé Robertson pour l'informer que si l'ASP le rembourserait. Ce qu'il a évidemment fait. "Ils nous ont ensuite demandé de revenir et d'organiser l'événement en 1998", poursuit-il.
L'ASP est donc retournée à Teahupo'o l'année suivante, prête à courir le Gotcha Pro. Mais une fois de plus, les éléments ont joué en leur défaveur. "Le gouvernement a fait tout ce qu'il a pu pour nous accueillir, mais à la fin de la première journée, l'océan était toujours calme".
À mi-parcours, presque tout le monde craignait de ne pas pouvoir terminer la compétition. Tout le monde, sauf Raimana Van Bastolaer et Vetea Poto David, légendes locales de Teahupo'o. "Les vagues vont arriver, ne vous en faites pas", scandait Van Bastolaer. Il avait vu juste.
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À Teahupo'o avec Tim Bonython
Tim Bonython dans ses oeuvres sur la vague la plus mythique au monde.
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L'instant qui a tout changé
"Quand je me suis réveillé le lendemain, je n'avais jamais rien vu de tel", se souvient Steve Robertson. "Richie Porta, le juge en chef de l'époque, était avec moi quand nous l'avons vu pour la première fois au lever du jour. Nous n'en croyions pas nos yeux. Ça reste l'une des choses les plus surréalistes que j'aie jamais vécues.
"La vague devait mesurer facilement 3,5 mètres, mais c'est surtout sa puissance qui nous a impressionnés. On s'est demandés un instant si on pouvait vraiment envoyer les mecs prendre cette vague. Puisque c'était un très bon groupe, et que la vague était trop parfaite, on s'est dit qu'on pouvait le faire et c'est exactement ce que nous avons fait. Le Gotcha Pro a duré trois jours."
"Si le gouvernement tahitien et la Tahitian Surf Federation, en particulier Pascall Luciani et la Tahitian Water Patrol de l'époque (dont beaucoup font encore partie de cette équipe), n'avaient pas insisté et n'avaient pas été si disposés à nous aider, nous ne serions pas revenus."
"Cette année-là, et les quatre années suivantes, nous avons eu des vagues incroyables. La première année, je me souviens d'avoir bu un verre en fin de journée et alors que nous étions assis à regarder la mer, nous avons vu la tour se faire renverser juste devant nous. Il a fallu que Chris O'Callahan et Bobby David, deux gars qui comprenaient très bien les vagues et l'emplacement, trouvent le moyen de fabriquer une tour capable de résister à des houles géantes. Ils ont joué un rôle déterminant".
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Un nouveau monde
Teahupo'o est presque un cadeau de Dieu pour le surf. La lumière est parfaite de du matin au soir, la vague est incroyablement puissante et il y a une fissure dans le récif où les bateaux des médias peuvent s'amarrer. Les surfeurs n'ont qu'à sortir du tube et pour se diriger directement vers les caméras. Lorsque le monde du surf a découvert son existence, il n'y a plus eu de retour en arrière.
Mais l'enjeu était de taille pour immortaliser ces moments. Pendant les premières années, tout le monde n'était pas spécialement enthousiaste à l'idée de s'y rendre.
"Richie Porta et moi étions ceux qui devaient prendre la décision à l'époque - et je ne suis même pas sûr que nous étions qualifiés pour le faire - mais on a toujours pensé qu'environ 25 % des surfeurs étaient ravis de venir, 25 % étaient d'accord et la moitié d'entre eux ne voulaient pas", confie-t-il. "Je pense que ces chiffres ont beaucoup évolué, mais je pense toujours qu'une petite partie des surfeurs espère que l'événement n'aura pas lieu."
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Teahupo'o avec Carlos Burle et Maya Gabeira
Carlos Burle et Maya Gabeira surfent la vague géante de Teahupo'o à Tahiti en 2013.
"La vague est violente et les blessures ne sont pas rares à Teahupo'o. C'est pourquoi nous avons dépensé beaucoup d'argent et de temps pour mettre au point ce que nous estimons être le meilleur plan de gestion des risques possible."
Mais le surf a besoin d'événements comme Teahupo'o. Et s'il a fallu un certain temps pour en arriver là, nous sommes aujourd'hui nombreux à croire que ça en valait la peine.
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