Fondé en 2011, le groupe The Neighbourhood et ses cinq membres ont fait parler d’eux à deux reprises notamment, avec deux singles qui ont fait les beaux jours de la radio : " Sweater Weather" et " Afraid". Aujourd’hui, la formation californienne en a plus à nous offrir, alors qu’une compilation est sur le point de sortir, en attendant un tout premier album encore en chantier. Nous sommes allés à la rencontre de Jesse Rutherford, chanteur et leader du groupe, après leur concert en petit comité donné au Red Bull Sound Space, afin d’en savoir davantage sur l’identité de The Neighbourhood et sa position sur l’état de la scène rock.
Vous figurez sur la BO de " The Amazing Spider-Man 2" avec le titre “Honest”. Heureux ?
Nous avons abordé et enregistré ce morceau comme n’importe quel autre. Une projection avait été organisée pour que nous découvrions le film. Nous savions que quoi il parlait, mais nous ne souhaitions pas juste écrire une chanson sur Spider-Man en général. Nous voulions créer un morceau qui soit fidèle au film comme au groupe. Je crois que c’est tout l’objet de la pop : avoir du sens. Les paroles ont un sens particulier pour nous, mais il faut que le reste des gens puisse s’y identifier également.
Comment êtes-vous parvenus à créer ce son si particulier du groupe ?
Nous estimions qu’il y avait un vide dans le monde de la musique et nous nous y sommes engouffrés. Au départ, notre objectif était de rassembler deux mondes en un, de les mélanger. C’est aussi simple que ça : noir et blanc. Mixer une “vibe” hip-hop avec des guitares, mais des guitares qui sonneraient différemment des autres groupes de rock. Il ne s’agissait d’en faire le groupe de Jesse Rutherford, mais d’être The Neighbourhood, un groupe de cinq types. Car on peut dire ce que l’on veut, la scène rock n’est pas au mieux. On s’ennuie ferme, il n’y a pas de groupes cools en ce moment. Où sont passés les Guns N’ Roses et Mötley Crüe d’aujourd’hui ? Mais tant pis si le rock est mort, cela nous permettra de faire ce qui nous ressemble. On trouvera un autre moyen de briller.
À quel point tenez-vous à votre image, toujours en noir et blanc ?
Pour te dire, on a refusé de participer à l'émission de Jay Leno parce qu'ils ne voulaient pas la diffuser en noir et blanc. Tout doit être noir et blanc. On s'est fait baiser par un magazine il y a peu de temps qui avait juré qu'on passerait dans un numéro, et au final on a fini sur le site internet avec une image en couleur. Pour nous, c'est juste une façon de faire savoir aux gens qui nous sommes. C'est une manière simple de nous vendre.
Pourquoi est-ce si important d’affirmer son identité pour un groupe ?
Les groupes doivent s’affirmer. C’est que l’on doit faire quand on appartient à notre génération. Car être dans un groupe n’est plus aussi cool qu’avant. Tout ce que les kids veulent, c’est un ordinateur pour faire du son. Et je me sens coupable de ça, car notre musique sort en partie de mon ordi ; je crée des beats. Je veux que les plus jeunes aient envie à nouveau de former des groupes. Les smartphones, Internet, les jeux vidéo… Nos vies sont cadrées par leur utilisation. J’ai contribué à ce mouvement mais aujourd’hui, quand je vois mes enfants ou d’autres gamins passer leur journée devant des écrans, je me dis qu’ils feraient mieux de sortir et de passer du temps ensemble, avoir des vraies relations sociales. Les êtres humains doivent être au contact d'autres êtres humains.
Quels sont les groupes respectables selon toi aujourd’hui ?
On est potes avec The 1975, et Cage The Elephant est très bon aussi, ou encore Lovelife, un groupe de pop bien sympa qui nous ressemble. Si vous faites partie d’un groupe aujourd’hui qui continue à jouer de la guitare avec des effets de distorsion, avec une basse et une batterie acoustique, et un chanteur sans voix particulière, c’est qu’il y a un souci. Tu crois que si les Beatles étaient encore là, ils continueraient à utiliser les mêmes pédales qu’à l’époque ? Non, ils joueraient avec des instruments de leur temps. Je pense qu’il ne faut pas essayer de sonner comme autrefois ; je crois que certains essayent de réfléchir comme s’ils étaient un groupe sorti du passé et c’est une erreur. J’ai beaucoup écouté de pop en grandissant, du genre *N Sync. Je regardais du catch à la télé. Mes sources d’influences sont tout autant visuelles et vont au-delà de “Comment je pourrais reproduire ce son que je viens d’entendre ?”.