En 25 ans, les Summer et Winter X-Games se sont imposés comme LA compétition de sports extrêmes. Tom Pagès s'envole en FMX aux Summer X-Games 2016.
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Motocross

Une brève histoire des X-Games

En 25 ans, les X-Games se sont imposés comme LA compétition de sports extrêmes. Retour sur la success story d'un évènement hors du commun qui a popularisé les sports à risques.
Écrit par Mathieu Fageot
Temps de lecture estimé : 4 minutesPublié le
Nous sommes en 1994. Alors que les États-Unis s’apprêtent à accueillir la 15ème Coupe du monde de football, la (très respectée) chaîne sportive ESPN s’aperçoit qu’un large segment de son audience ne se reconnaît plus dans les programmes sportifs proposés à la télé. Ce segment, c’est la génération X, dont une bonne partie admire désormais les tricks du jeune prodige du skate Tony Hawk et se lasse un peu des traditionnels matchs de baseball et de basketball. Pour y remédier - et parce qu’elle sait que de nombreux annonceurs seront intéressés - la chaîne décide d’organiser la première compétition internationale de sports extrêmes de l’histoire.
Le skateboarder professionnel Tony Hawk plaque un trick en skate aux X-Games de Munich en Allemagne en 2013.

Tony Hawk aux X-Games de Munich en 2013

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Les premiers "Jeux olympiques" extrêmes

En juin 1995, les "First Extreme Games" ont lieu à Rhode Island : les meilleurs athlètes du monde participent à 27 épreuves dans 9 catégories : saut à l'élastique, course à pied, roller, skateboard, skysurf, escalade, streetluge, vélo, eco-challenge et sports nautiques. Les athlètes sont récompensés par un système de points et de médailles, sur le même principe que les Jeux olympiques
Jagger Eaton célèbre sa victoire lors de la compétition de skateboard des Summer X-Games 2019.

Le skateur Jagger Eaton célèbre sa victoire aux Summer X-Games 2019

© Garth Milan/Red Bull Content Pool

L’évènement est un carton. Plus de 100 000 spectateurs y assistent et 7 sponsors apportent leur soutien. Malgré ces scores incroyables, certains ne le prennent pas encore au sérieux. Un chroniqueur de USA Today - particulièrement hargneux - écrit par exemple dans les colonnes du prestigieux journal : «Apparemment - et il est possible que j'interprète mal une tendance culturelle ici - si vous attachez votre meilleur ami au capot d'une Ford Falcon de 1972, que vous la conduisez sur une falaise, que vous jonglez avec trois bébés et une tronçonneuse en la descendant et que vous atterrissez en toute sécurité en faisant l’équilibre sur les mains, ils l'enregistreront, le montreront et diront que c’est un nouveau sport.» Vous avez dit sarcastique ?

Une compétition mythique…

Peu importe, la compétition est renouvelée chaque année (au lieu d’être espacé de 2 ans comme prévu) et naturellement renommée X-Games. Pourquoi ? Pour l’abréviation de "extrême", évidemment, mais aussi parce que cette compétition s’adresse avant tout à la génération X...
En 1997, une version hivernale est lancée. 198 pays retransmettent les Winter X-Games en 21 langues différentes et près de 38 000 personnes se rendent à Aspen, en Californie, où se tiennent les différentes épreuves de sports d’hiver. Parmi elles, le ski Slopestyle, le snowboard Big Air ou encore la motoneige Hillcross.
En 2010, à la suite d’un appel d’offres lancé par ESPN et remporté par Canal+ Events, la compétition hivernale est délocalisée en France. Pendant 3 ans, elle se déroule à Tignes. Gaël Chatelain, directeur des activités événementielles de Canal+ Event et co-organisateur de l’évènement explique alors : « En Europe on ne part pas d'un terrain neutre. Une récente étude de marché montrait que 40 % des 15-25 ans connaissaient les X-Games dans la zone France-Allemagne-Angleterre. On est loin du niveau de la marque atteint aux États-Unis mais on ne part pas d'un terrain vierge, grâce à des Tony Hawk, des Shaun White, et grâce aux jeux vidéo…»

…pour plusieurs raisons

Comment expliquer cette notoriété internationale ? D’abord parce que c’est pendant les X-Games qu’ont eu lieu des moments historiques, comme lorsque Tony Hawk a effectué le premier 900 en skateboard, que Travis Pastrana a fait le premier double backflip en motocross freestyle ou que Heath Frisby a fait le tout premier flip avant sur une motoneige.
La journaliste Kate Pickert offre une autre explication dans les colonnes du Time, estimant que les X-Games font office de catharsis pour les spectateurs en expliquant que «la compétition nourrit un public avide de casse-cous téméraires qui mettent leur vie en danger.» Et oui, il n’est pas rare d’assister à des accidents spectaculaires aux X-Games. Lors des jeux d'été 2003, un athlète a quitté la compétition en fauteuil roulant après s'être écrasé en motocross. Un autre qui tentait un "Sterilizer" a eu un accident qui l'a fait convulser devant la foule. En 2007, un skateur est tombé de cinq étages sur une rampe en bois et s'est retrouvé à l’hôpital. Les X-Games sont-ils les nouveaux jeux du cirque Romains ? On vous laisse en juger...
Mais une chose est sûre, c’est parce que les X-Games ont réussi à se développer au-delà du sport qu'ils sont devenus une référence dans le monde entier. Depuis 2001, un festival de musique mêlant rock, rap et électro est organisé en parallèle de la compétition et réunit les plus grands artistes de la planète - comme Black Sabbath, Diplo ou encore Lil Wayne - contribuant nettement à renforcer la notoriété de cette compétition désormais mythique, mais aussi à légitimer des sports extrêmes auprès du grand public.