Interview avec la jeune rappeuse Le Juiice qui a travaillé au Red Bull Studio sur son prochain projet
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Musique

En studio avec Le Juiice

Entre deux voyages et deux projets, la Trap Mama s’est posée au Red Bull Studio pour préparer sa prochaine livraison.
Écrit par Mekolo Biligui
Temps de lecture estimé : 6 minutesPublished on
En 2020, Le Juiice n’a pas chômé. Elle a été présente en livrant deux EPs, « Trap Mama » et « Jeune CEO », et a notamment collaboré avec Meryl sur le titre « ONONO ». La jeune rappeuse tranchante et franche ne compte pas se reposer sur ses lauriers et travaille au Red Bull Studio sur son prochain projet. Puisant ses inspirations dans ce qui l’entoure tout en se fiant à son instinct, le tout saupoudré d’un amour pour la gastronomie, Le Juiice nous prépare de belles surprises.
Sur quoi as-tu travaillé au Red Bull Studio ?
Sur mon nouveau projet, qui sera plutôt une mixtape. J’en suis au début, j’ai enregistré des titres, quelques-uns sont finalisés. La mixtape sortira en 2021.
En 2020 tu as sorti les projets « Trap Mama » et « Jeune CEO ». Quel est la prochaine étape ?
Comme tout artiste, sortir de la musique, sortir des projets de plus en plus travaillés.
Entre les deux il y a une évolution, tu t’es encore plus professionnalisée.
Exactement ! Après j’aimerais que cet aspect se ressente dans la qualité de ma musique.
Tu laissais beaucoup d’espace à la musique sur ces projets. Est-ce inconscient de ta part ou une volonté de mettre les beatmakers en avant ?
Ça coule de source de mettre les beatmakers en avant, de parler d’eux, parce qu’on ferait quoi sans eux ? En vrai, il n’y aurait pas de musique. Je ressens un peu ça comme un featuring, il y a deux univers qui se mélangent. Ce sont des artistes à part entière. C’est un travail collaboratif.
Quelle est ta dynamique de travail avec les producteurs ?
J’écris avec les prods. En gros, on se programme des sessions où l’on écoute des prods et moi j’écris dessus. Après, il y a des moments où j’ai envie de mettre des thèmes en avant.
Le producteur Draco Dans Ta Face est souvent crédité sur tes morceaux. Sera-t-il présent sur cette mixtape ?
Oui, il est toujours là, il fait partie de l’équipe. Sur le prochain projet, il sera un peu plus dans l’ombre. Il sera moins présent sur les prods mais plus présent au niveau des mixes. Il y a aussi d’autres beatmakers qui m’entourent que j’ai envie de mettre en lumière.
La rappeuse tranchante Le Juiice s'est posé au Red Bull Studio pour travailler sur son prochain projet.

Le Juiice au Red Bull Studio

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Il y a des thèmes principaux qui se dégagent de ta musique, notamment l’argent, mais avec la volonté d’en faire proprement. Justement, quel rapport entretiens-tu avec la réussite ?
On fait tout ça pour ça en vrai, c’est l’argent, l’argent [rires] !
C’est l’argent qui dirige le monde ?
Je dis tout le temps que dans ce monde, ce qui inspire le respect, c’est l’argent ou la violence. J’ai choisi l’argent plutôt que de violenter tout le monde. Pour moi c’est le nerf de la guerre.
Tu parles beaucoup de sentiments avec tes mots à toi, sur des morceaux comme « Fresh », « Baby Boo » ou encore « Poetic Justice ». Les relations font beaucoup partie de ton univers.
Oui à fond ! L’amour c’est un thème qui parle à tout le monde. On le vit tous les jours, on est en relation avec des gens. Donc ça fait forcément partie de mon univers.
Sur certains de ces morceaux, il y a parfois un côté Bonnie & Clyde.
Oui, on va dire que ce genre de relations me correspond un peu. En amour, je suis plutôt comme ça. Mais j’avoue aussi que dans mes textes il y a un côté sexuel quand je parle de relations.
Et tu parles de sexualité de manière assumée sans que cela ne soit gênant.
Il faut savoir utiliser les bons mots.
Tu penses que ça décomplexe celles qui t’écoutent ?
Ouais, on peut dire ça comme ça. Il y a plein de femmes comme moi, sauf que leurs voix ne sont pas portées. Des femmes qui sont libres dans leurs pensées et dans leurs gestes, il y en a plein, mais elles ne sont pas représentées.
Tu parles de représentation mais finalement, tu es sur un créneau où il n’y a quasiment pas de femmes. Qui t’a inspirée ?
Moi, je ne me sens pas du tout représentée, il n’y a pas de rappeuses qui me représentent. Après, si certaines se retrouvent en moi, je trouve ça bien.
Et dans ta construction musicale ?
J’écoute pas mal de choses, beaucoup de morceaux love. Des fois, avant d’écrire un son énervé, j’écoute une chanson d’amour. Après, musicalement, je m’inspire un peu de tout. C’est plus des moods, j’essaie de faire de la musique instinctivement. Là je suis revenue d’Abidjan et je suis dans un mood à faire que de la trap énervée et sombre. Et sur mon projet, je vais mettre en musique mon mood du moment.
Le Juiice et son équipe au Red Bull Studio

Le Juiice et son équipe au Red Bull Studio

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En parlant de la Côte d’Ivoire, on capte rapidement sut tes réseaux sociaux que tu es une amatrice de bonne nourriture, notamment ivoirienne. Est-ce que dans le futur tu vois travailler autour de la nourriture ?
Il y a plusieurs idées qu’on est en train de développer en rapport avec ça, ça fait partie de mon quotidien. On aime bien ça, que ce soit moi ou mon entourage. Après moi, j’aimerais bien avoir quelque chose en rapport avec ça, une petite adresse...
Un maki Trap Mama ?
[Rires] Oui ça c’est clair !
Quelque part avec ça tu mets aussi en avant une part de la culture ivoirienne.
Justement, des gens qui me suivent sur les réseaux me disaient qu’ils ne connaissaient pas la Cote d’Ivoire et que ça avait l’air lourd.
C’est aussi un ancrage dans ta musique ?
Oui !
Qu’est-ce qui tourne dans la playlist du Juiice en ce moment ?
Je fonctionne beaucoup par projet. Par exemple, j’ai retéléchargé des mixtapes de Peewee Longway. Je suis aussi en mode Shola Ama. Je suis sur le dernière album de NAV où il y a des feats avec Gunna ou Young Thug par exemple. Je suis aussi en mode PartyNextDoor. J’écoute aussi des rappeurs anglais. Mon coût de cœur de cette année c’est Morray, j’aime bien ses influences gospel. J’écoute aussi Capo Plaza, il y a un gars de mon équipe qui est plutôt proche donc on en écoute tous les jours.