Un an après avoir décroché le championnat du monde des pilotes avec la folle victoire de Max Verstappen au buzzer, Oracle Red Bull Racing vient de faire encore mieux : non seulement Mighty Max a conservé son titre, mais l'écurie vient de décrocher le titre des constructeurs tant convoité au Grand Prix des États-Unis.
Parce qu'il faut le dire : la saison 2021 était une anomalie. Pour la première fois de son histoire, le team (qui a 18 ans), n'avait pas été sacré en même temps que l'un de ses pilotes. Or, la F1 est un sport d'équipe, et si les hommes qui manoeuvrent des monoplaces à 300 km/h récoltent la majeure partie des louanges, une victoire collective est toujours la bienvenue du côté de Milton Keynes, quartier général de l'écurie.
Le titre des constructeurs 2022 est d'autant plus appréciable que l'équipe - qui l'avait remporté quatre fois au cours de ses neuf premières saisons en F1 - ne l'avait pas décroché lors des huit dernières. Et il ne s'agissait du plus simple à aller chercher, année de changement de réglementation oblige. Pas facile de se concentrer à la fois sur le présent et le futur de la discipline...
Pourtant, Red Bull Racing a fait le boulot. Mais comment ? Et qu'est-ce que cela signifie vraiment pour l'écurie ?
L'orage avant la lumière
Si un titre constructeur décroché à trois courses de la fin du championnat renvoie l'image d'une saison parfaitement maîtrisée, le début d'année a été particulièrement mouvementé. Max comme son coéquipier Sergio Pérez n'ont pas terminé le premier GP à Bahreïn, et après un autre coup d'arrêt pour le champion en titre en Australie une course plus tard, l'écurie était troisième au classement avec seulement 55 points. Soit 49 de moins que Ferrari. Max, lui, en avait 46 de retard sur Charles Leclerc à ce moment-là.
Heureusement, il n'a pas fallu attendre longtemps après Melbourne pour que tout ce beau monde se relève. Max et Checo ont décroché 58 points à Imola et un second doublé en Espagne lors de la sixième manche ont placé le Hollandais et le team en tête de leurs classements respectifs. Des places qu'ils n'ont plus cédé par la suite.
Verstappen a remporté son deuxième titre à Suzuka - sur les terres d'Honda, donc - avec Sergio dans ses roues, pour le cinquième 1-2 de 2022 sur 18 courses. Pour rappel, l'équipe n'avait jamais obtenu plus de trois doublés en une seule saison, Sebastian Vettel et Mark Webber ayant pourtant occupé les deux premières places du podium à trois reprises en 2009, 2010 et 2013.
La science de l'équilibre
En F1, aller vite sur la piste ne suffit pas. Il faut également être (très) rapide dans les stands. Et ça tombe bien : c'est la spécialité de l'écurie. En 2021, le team et Max Verstappen avaient ainsi signé le pit stop le plus rapide de la saison (1.88 secondes en Hongrie).
Le problème ? Les nouvelles règles de la FIA imposant l'utilisation de roues et de pneus plus larges ajoutant au moins 40 kg à chaque monoplace, la même performance était loin d'être garantie en 2022.
Mais puisque rien n'arrête de vrais champions, l'écurie s'est à nouveau illustrée en signant avec checo le pit stop éclair de l'année : 2.09 secondes aux Pays-Bas. Mais ce n'est pas tout : les pilotes Red Bull sont également ressortis plus vite des stands que le reste de la grille lors de 8 courses sur 19.
Les chiffres ne mentent pas
La ligne de stats 2022 de l'écurie est exceptionnelle. Mieux encore : c'est tout simplement la meilleure de ses 18 saisons en F1. La preuve : elle a accumulé 656 points jusqu'ici et décroché 15 victoires et 24 podiums tandis que Max et Sergio ont mené les débats pendant 645 tours. Le total combiné de tous les autres pilotes ? 449. De plus, chacun des deux pilotes Red Bull Racing est au moins sur le podium pendant 17 courses d'affilée. Enfin, ajoutons que l'écurie envoie au moins une voiture en Q3 depuis le Grand Prix de Russie 2018 (soit 84 courses).
Le directeur technique d'Oracle Red Bull Racing, Adrian Newey, a participé à 23 championnats du monde au cours de sa longue carrière historique en tant qu'ingénieur le plus pointu du game, mais la RB18 est sa création la plus réussie à ce jour, ne serait-ce qu'en termes de pourcentage de victoires obtenues par rapport aux courses disputées. Et sachant ce qu'il avait accompli chez Williams ou McLaren avant Red Bull Racing, ce n'est pas peu dire.
Une place dans l'histoire
La F1 a 72 ans, et Red Bull Racing est donc une écurie relativement jeune au regard de sa longue vie. Pourtant, ses 11 championnats du monde des constructeurs et des pilotes combinés en 18 ans prouvent qu'elle est déjà une force majeure de l'immense saga de la discipline.
Après des débuts en 2005, Red Bull est rapidement devenue la sixième équipe la plus titrée de l'histoire en termes de titres ; seules Lotus (13 couronnes combinées), Williams (16), Mercedes (17), McLaren (20) et Ferrari (31, en ayant participé à toutes les saisons depuis 1950) sont devant.
Côté victoires en GP, Red Bull est cinquième au classement avec 90 P1. Verstappen, avec 33 victoires, se rapproche quant à lui rapidement des 38 victoires de Sebastian Vettel avec l'équipe.
Le mot du patron
Ok, les chiffres comptent, mais les mots aussi. À la tête de l'équipe depuis ses débuts en 2005, Christian Horner a connu tous les succès et les échecs de l'écurie à ce jour. Alors que pense-t-il de cette année folle ?
"Après huit longues années, ce titre veut tout dire pour nous" explique-t-il. "Ça a été un tel voyage... Nous avons vécu des années compliquées, il a parfois fallu qu'on se relève et qu'on se remette au travail. Le boulot, le sang, la sueur et les larmes nous ont permis d'en arriver là aujourd'hui." On ne peut pas mieux dire.
Fait partie de cet article