esports : Le Français Super Akouma, 15ème du Tekken World Tour est le nouvel espoir  sur Tekken 7.
© FDJ Esport Millenium
esports

Super Akouma, le nouvel espoir français

Classé 15ème mondial au Tekken World Tour à quelques jours des finales, le Français Super Akouma espère faire de l’esport sa carrière.
Écrit par Thomas Loreille
Temps de lecture estimé : 6 minutesPublished on
La France compte déjà son lot de personnalités et joueurs connus dans le jeu de combat. On connaît Kayane pour Soulcalibur, Luffy pour Street Fighter et Gen1us pour Tekken. Mais ces deux dernières années un nouveau nom a fait parler de lui dans l'hexagone : Super Akouma.
Que ce pseudonyme inspiré de la série Street Fighter ne vous induise cependant pas en erreur ! Certes Vincent Homan, dit Super Akouma, joue bien le fameux karatéka démoniaque de la série de Capcom, mais son jeu de tutelle est Tekken 7, le titre de Bandai Namco qui a su s’imposer comme un concurrent sérieux de Street Fighter 5 ces dernières années.
Avec un pseudonyme et un personnage pareils on donne directement à Super Akouma des origines de joueur de Street Fighter, à tort car il a toujours été un joueur de Tekken ! Dès ses 5 ans on l’initie à Tekken 3 qui devient rapidement un de ses jeux favoris. Quand il en a l’occasion, il rattrappe son retard sur la série en se procurant le sixième épisode, sorti en 2008. À cette époque, comme beaucoup de joueurs, il ne sait pas qu’il existe des tournois, classements et techniques de jeux.
C’est en 2012, alors qu’il progresse sur le tout nouveau Tekken Tag Tournament 2 que Super Akouma fait une découverte : “Je ne savais pas qu’il y avait une scène compétitive, j’ai juste vu une affiche pour un tournoi dans un cyber café”. Quand il débarque sur place, une déception de taille l’attend : “En fait il n’y avait pas de tournoi Tekken, ils avaient oublié d’enlever le jeu de l’affiche !” explique-t-il en rigolant. Heureusement pour lui, l’organisateur passe un coup de fil. Quelques dizaines de minutes plus tard, des joueurs de Tekken de la scène Marseillaise viennent le chercher en voiture pour une session de jeu improvisée.

Une scène marseillaise active

C’est un fait connu dans le milieu du jeu de combat, toutes les villes de France ont leur titre favori. Lille fut longtemps le bastion de Marvel vs Capcom, Paris de Street Fighter et Marseille est depuis des années une fourmilière de joueurs de Tekken. “On a pas forcément le plus grand nombre de joueurs mais on est les plus actifs” explique Super Akouma.
Au milieu de ses pairs, le jeune joueur progresse vite. Il joue à alors un duo Lee / Armor King sur Tekken Tag Tournament 2 et parvient petit à petit à monter en niveau. Tekken étant un jeu 3D avec beaucoup de déplacements, Super Akouma tente le stick arcade en remplacement de la manette. Peu convaincu, il choisit le HitBox, un stick arcade où la tige servant aux directions est remplacée par des boutons. Une décision originale car à l’époque beaucoup de tournois étrangers se font encore sur arcade. “Se préoccuper de pouvoir jouer sur arcade ce n’était plus mon époque” nuance-t-il. L’important selon lui est de jouer avec ce qui est le plus confortable.
Le français Super Akouma a choisi le stick HitBox comme mannette pour jouer sur Tekken 7.

Le hitbox est la manette de prédilection de Super Akouma.

© Hitbox

Son HitBox et ses personnages en main, il enchaîne les sessions d'entraînement et les compétitions. En 2015 il se classe 9ème à l’Ultimate Tournament, un des plus anciens tournois Français de Tekken. Cependant, Tekken Tag Tournament 2 n’a pas le succès d’autres jeux à la même époque. S’il apprécie le jeu, Super Akouma lui reconnaît des défauts : “Dans Tag 2, si le match n’est pas d’un très haut niveau et très hype, c’est très long à regarder. À l’inverse, sur Tekken 7 quelqu’un qui ne joue pas au jeu peut tout de suite entrer dedans.”
Tekken 7, sorti en 2017, est en effet l’épisode qui re-popularise la série auprès du grand public et des compétiteurs. En plus de nouvelles mécaniques de jeu et de nouveaux personnages, l’apparition de Akuma, le personnage de la série Street Fighter, rend le titre populaire. “Mon pseudo à l’époque était déjà Akouma, donc je devais au moins essayer le personnage !” explique-t-il. Il trouve dans le démon de Capcom le plaisir que lui procuraient ses deux combattants dans Tag 2.
Paradoxalement et de son propre aveu, il faut être très fort à Tekken pour jouer ce personnage de Street Fighter : “Ce qui fait un bon Akuma c’est de savoir quand casser Tekken avec les outils de Street Fighter. C’est un personnage présentant de gros risques mais qui offre de grosses récompenses”.

Le choix de carrière

Alors qu’il vient d’obtenir un diplôme et continue ses études, il se rend compte que son mode de vie fait de déplacements en tournois est difficilement compatible avec l’assiduité requise en cours. Durant une période, il enchaîne même des déplacements des USA jusqu’à la Corée sans repasser par la France. Résigné, il finit par lâcher les études pour se consacrer à Tekken.
“Dans Tekken 7 je calcule les risques mais dans la vraie vie je suis un piffeur” avoue-t-il en blaguant. Il fait de bons résultats en 2017, décroche un sponsor avec la team Crazy et se qualifie pour les phases finales aux côtés de cinq autres joueurs Européens. Son style explosif et son exécution de haute volée le rendent vite populaire auprès du public Français, qui le découvre à mesure que Tekken 7 gagne en popularité.
De son propre aveu, l’année 2018 fut bien plus difficile car la compétition s’est intensifiée avec bien plus de joueurs de haut niveau présents dans les tournois. Pour s’imposer il faut être bon et avoir les moyens de voyager pour engranger des points au classement général. “Pour un joueur non sponsorisé c’est difficile de se qualifier” explique-t-il, et même parmi les joueurs qui le sont, difficile de gagner de quoi vivre quand la majorité des prix sont versés à ceux faisant podium.

Un futur plus stable

Super Akouma semble cependant motivé à l’idée d'enchaîner une troisième année de Tekken World Tour, mais dans des conditions différentes. “J’aimerais avoir une situation plus stable en 2019, comme un sponsor avec un salaire”l. Car bien qu’il soit dans le top 15 mondial et dans le top 3 européen, il ne vit pas encore à 100% de l’esport.
Il sait que faire des résultats n’est qu’une part du travail et souhaite apprendre à gérer son image et sa carrière. À 21 ans elle ne fait que commencer et il sait qu’aussi bien lui que la scène Tekken 7 ne vont aller qu’en progressant. Bien qu’il ait le soutien de sa famille et de sa compagne, il sait qu’il va devoir gagner en indépendance pour garantir son futur et les rassurer.
En attendant, il s'entraîne pour les finales du Tekken World Tour qui auront lieu à Amsterdam les 1er et 2 décembre 2018. L’événement sera retransmis en live sur Twitch et si vous regardez au bon moment, il y a de fortes chances que vous y croisiez un Phocéen sur scène, à la différence que celui-ci ne tapera pas dans un ballon.