C’est une course ultra exigeante, où les abandons s'enchainent. Sur le Dakar, les constructeurs le savent, il faut arriver au bout avant de penser à la victoire finale. Certaines solutions trouvées par les constructeurs sont parfois étonnantes mais ont le mérite de sauvegarder les espoirs des concurrents. Voici pourquoi les machines qui s’attaquent au Dakar sont uniques.
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Le Dakar en cinq mots
Dans cette vidéo, regardez les meilleurs pilotes du rallye-raid Dakar résumer l'épreuve en cinq mots. Les mots qui reviennent régulièrement : vitesse, aventure, difficile, torture et amusement.
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Véhicules d'assistance
Les conditions du Dakar obligent les concurrents à ne jamais oublier le facteur fiabilité. Les véhicules engagés sont entretenus constamment pour maintenir un niveau de performance élevé. C’est là que les véhicules d’assistance entrent en jeu. Ces géants de 1 000 chevaux sont généralement des anciens camions de course.
Des monstres de 10 tonnes particulièrement agiles, stables et performants sur des pistes souvent en piteux état. Un camion d’assistance peut contenir jusqu'à 60 000 pièces de rechange. C’est un véritable garage ambulant. Les camions d’assistance des écuries les plus performantes peuvent permettre à des mécaniciens de reconstruire une voiture dans son intégralité.
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L’improvisation mécanique
Le travail nécessaire à la conception et à la construction des voitures est particulièrement important au Dakar. Les véhicules engagés doivent avoir comme base les modèles de production. Pendant la course, les pilotes et copilotes ont un accès limité aux véhicules d’assistance. Cela signifie que lorsque quelque chose ne va pas, l’équipage doit trouver le moyen de réparer la casse mécanique.
Malgré la longueur de la course, les écarts restent très serrés en particulier entre les concurrents de tête. Une réparation imprévue de 20 minutes peut entraîner une chute au classement et mettre fin à tout espoir de victoire.
Sur ce Dakar 2024, on a eu le droit a un exemple frappant avec Nasser Al-Attiyah sur l'épreuve des 48 heures Chrono. Épreuve durant laquelle le Quatari et son copilote, Mathieu Baumel, ont fait face à un souci mécanique et ont dû attendre 2 heures leur camion d'assistance, ne pouvant rien faire. Une réparation qu'il leur aura coûté la course à la victoire, les résignants à la 17ème place, à plus de 2h45 du premier.
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Roadbook électronique
On n'insistera jamais assez sur l'importance du roadbook au Rallye Dakar, qui sert de carte pour les étapes. Depuis que le Dakar s'est déplacé en Arabie Saoudite, il y a eu un mouvement pour mettre en place un roadbook électronique dans toutes les catégories. Le roadbook électronique répond au double objectif de limiter l'influence des différences de moyens entre les équipes, grâce à une distribution au départ de la spéciale, et de faciliter la formation des moins expérimentés à la version papier du roadbook.
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La conception du châssis
Bien que techniquement basés sur des modèles de production commercialisés auprès du grand public, la plupart des véhicules du Dakar sont revus de fond en comble pour aller au bout de l'épreuve. En général, les autos du Dakar sont développées avec des tubes de matériaux légers destinés aux voyages dans l’espace, tels que le plastique renforcé de fibres de carbone ou le Kevlar.
Les conceptions les plus courantes sont issues d’une architecture de type buggy, avec un large empattement pour plus de stabilité et une position de conduite surélevée pour éviter que le châssis soit trop près du sol.
Les panneaux de tôle utilisés pour la carrosserie sont coupés à la limite et parfaitement assemblés pour réduire les risques d'accrochage ou de déchirure. Les équipes utilisent ensuite différentes conceptions en fonction de leurs besoins.
Sur place, les températures peuvent varier de 40°C à -5°C en l'espace de 24h. Les voitures ont donc besoin de systèmes de contrôle de la température, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Dans la Peugeot, le moteur est construit autour de six ventilateurs géants, qui font eux-mêmes partie intégrante du châssis.
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Nasser Al-Attiyah au Rallye du Maroc
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La gestion du carburant
Le parcours du Dakar couvre 9 000 km. Mais il oblige les équipes à effectuer un sérieux voyage vertical, du niveau de la mer à son point le plus élevé, à près de 5 000 m d'altitude. Un carburateur standard aurait du mal à faire face à de tels changements extrêmes (et rapides) de la pression liée à l’altitude.
Normalement, il faudrait s’arrêter pour faire des ajustements constants. Mais les meilleures équipes doivent trouver des moyens de maintenir le moteur à son maximum de puissance malgré ces changements barométriques.
Créé pour la première fois en 1982, le système d'injection électronique de Honda (ou système PGM-FI pour ProGraMmed Fuel Injection) a fait l’objet d’une important mise à jour pour rendre la Honda CRF450-X plus compétitive sur ce Dakar. En contrôlant le débit de carburant en fonction des informations fournies par les capteurs montés sur la moto, le système offre aux pilotes de la Honda une flexibilité maximale et un minimum de stress.
Avec Daniel Elena en tant que copilote, Sébastien Loeb a, par exemple, piloter une Peugeot 3008 DKR privée sur le Dakar 2019. Outre son incroyable système de suspension, essentiel pour l’édition 2019 composée à 70% de dunes de sable, la Peugeot bénéficiait d’un moteur fiable. Ce bloc V6 bi-turbo diesel de 3,0 litres est doté d’un couple plus élevé à bas régime qui s’avérait précieux sur les pistes du Dakar 2019.
"En fin de compte, je ne pouvais pas utiliser la Peugeot 3008 DKR Maxi du dernier Dakar en raison de l’évolution de la réglementation", expliquait Loeb. Nous avons donc utilisé la précédente version, large de 2,20m, en ajoutant quelques petites évolutions sur le moteur de cette année."
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Biocarburant durable
Prodrive a été la première grande équipe à concourir avec une nouvelle génération de carburant durable avancé lors du Dakar. Depuis, Prodrive a aidé Sébastien Loeb à se classer deux fois deuxième au Dakar, démontrant ainsi que ces carburants durables peuvent remplacer directement les carburants fossiles dans les véhicules de série.
Prodrive a développé ce carburant durable en collaboration avec la société britannique Coryton Advanced Fuels. Baptisé Prodrive EcoPower, il a été spécialement conçu pour démontrer les avantages environnementaux des dernières technologies en matière de carburants durables. Les principaux composants sont le biocarburant de génération 2, fabriqué à partir de déchets agricoles, et les biocarburants créés en capturant le carbone de l'atmosphère. Le carburant réduit ainsi les émissions de gaz à effet de serre de 80 % par rapport à l'essence équivalente.
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Systèmes numériques
Si les équipes cherchent souvent à utiliser des systèmes simples pour éviter les complications dans ce type d’épreuve déjà ultra exigeante, cette philosophie est loin de s’appliquer en matière d’électronique embarquée.
Réduire le nombre d’arrêts liés à une panne, une réparation ou au moindre petit bricolage est essentiel pour aller chercher la victoire. Il faut donc multiplier les capteurs sur les machines pour vérifier que tout se passe bien à bord. Un moyen d’avoir un œil sur de nombreux paramètres.
La Peugeot est ainsi équipée d’un système de pression des pneus à distance, permettant à l’équipe de gonfler ou de dégonfler les roues lorsque c’est nécessaire. Un outil parfait pour s’adapter à une piste de sable ou changer ensuite la pression quand l’équipage roule sur une piste plus cassante.
Cela permet également à la voiture d’économiser du carburant en adaptant au mieux la mécanique aux conditions rencontrées sur la piste. Pas une mauvaise affaire quand on sait que certaines spéciales dépassent parfois les 500 km de distance.
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La chaîne de traction électrique d'Audi
Avant sa troisième participation au Rallye Dakar, le prototype de rallye doté d'un groupe motopropulseur électrique pionnier avec une batterie haute tension et un convertisseur d'énergie a bénéficié d'innovations dans de nombreux domaines. Les pilotes Audi Mattias Ekström, Stéphane Peterhansel et Carlos Sainz bénéficieront de nombreuses améliorations de détail en janvier 2024. Les nouvelles idées rendent la RS Q e-tron plus sûre, plus fiable, plus confortable et un peu plus légère, tout en réduisant les temps d'entretien pour l'équipe.
En janvier 2024, Audi s'est attaqué pour la troisième fois au rallye du désert le plus difficile au monde avec son véhicule à faibles émissions. "Ce dont la RS Q e-tron est fondamentalement capable a été démontré par nos pilotes et copilotes avec six victoires d'étape et 22 autres podiums d'un jour au Rallye Dakar depuis 2022", déclare Rolf Michl, responsable d'Audi Motorsport.
"Il s'agit maintenant de montrer nos performances de manière aussi régulière que possible afin que nous puissions nous battre pour les premières places." Audi Sport a analysé les précédentes sorties, identifié les points faibles et fixé des priorités claires pour la suite du développement. Leonardo Pascali, le nouveau directeur technique du projet, s'est concentré sur cinq sujets clés avec son équipe de développement depuis le début de l'été.
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Mission 1000
Mission 1000 est un nouveau concept développé pour tester les technologies de pointe sur le relief du Dakar. Des sections de 100 km séparées des étapes qui composent le rallye, additionnées à 1 000 km, aideront les constructeurs à découvrir les options techniques qui valent la peine d'être poursuivies à l'avenir.
Les dix véhicules embarqués dans cette première Mission 1000 historique feront leur première apparition au départ du prologue à Al-'Ula du Rallye Dakar 2024. Bien que le défi ne soit pas conçu comme une compétition, plusieurs critères d'évaluation ont été définis pour mettre les véhicules à l'épreuve et tenir les pilotes et les conducteurs en haleine. Trois types de moteurs ont été sélectionnés pour Mission 1000 : entièrement électrique / entièrement à hydrogène / technologie hybride.
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Contrôle de puissance
Les voitures à propulsion arrière sont une nouvelle tendance dans le rallye-raid. Même si les autos concernées perdent de la traction sur certaines des sections les plus difficiles, la réduction du poids que cette technologie entraîne améliore énormément leur vitesse en ligne droite et confère des avantages par rapport à la concurrence.
Mais si les règles du Dakar imposent des limites très précises aux moteurs des voitures, les suspensions permettent de retranscrire la puissance du moteur sur la route. L’équation est cependant loin d’être facile sur des terrains qui évoluent constamment.
Voici ce qui fait du Dakar un laboratoire vivant pour les systèmes de suspension avancés. Des fabricants spécialisés, tels qu'AB-Air Suspension, s'associent à des équipes de premier plan, dont Toyota, et considèrent cet événement comme un test grandeur nature et une vitrine pour leurs produits.
La moto MY2019 KTM 450 Rally Replica a été poussée à son maximum dans sa conception. En plus d’un châssis redessiné pour plus d’agilité et de stabilité, des modifications ont été apportées à son réservoir de carburant, à son échappement et à son moteur à injection de 450cc. Enfin, la fourche haut de gamme WP XACT PRO de 48mm donnera également un avantage supplémentaire aux pilotes Toby Price et Matthias Walkner par rapport à la concurrence.
"Nous recherchions une meilleure maniabilité, un poids inférieur et une moto qui répond aux exigences extrêmes et à l’intensité permanente du Dakar explique Stefan Huber, responsable de l'équipe KTM Factory Rally. Nous avons privilégié le style enduro avec beaucoup de vitesse tout en pensant aux dunes en altitude qui suivront ensuite."